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106 que cet élément vivifiant paraît nécessaire au développement des peuples. C'est sur leurs rives que la nature a placé les nations qui ont joué un grand rôle dans l'humanité. Elles devaient être établies sur les grandes routes ouvertes pour les relations internationales. Par le moyen des cours d'eau seulement, ces relations sont faciles et rapides. Par ces routes naturelles, les différentes peuplades se sont mises en contact. Sur les rives d'un fleuve les mœurs se modifient ; là s'é- tablissent la transmission des idées, l'échange des produits nécessaires à la satisfaction des besoins, plus ou moins variés, selon le degré de culture des nations. Interrogez la famille sauvage qui sait seulement creuser un canot dans un tronc d'arbre, ou le peuple civilisé qui construit des maisons flottantes, vous aurez la même réponse ; l'un et l'autre considèrent comme des voisins les habitants de la rive opposée. Leur imagination les transporte toujours ou vers les sources ou vers les embouchures de leur fleuve. C'est en aval et en amont que sont dirigées leurs principales excursions. Pour n'en citer qu'un exemple, il y a entre Lyon et Chà lon, entre Lyon, Genève et Seyssel, ou Avignon, des relations plus fréquentes et plus intimes, qu'entre Lyon et Roanne, ou Clermont, ou Moulins. De tout temps les peuples ont donc attaché une grande importance à leurs fleuves, et ont fait tous leurs efforts pour en tirer le meilleur parti sous les rapports agricoles et commerciaux. On pourrait même dire qu'une nation a dévié de la route de la civilisation, si elle néglige d'améliorer le cours de ses fleuves, si elle méprise ces grandes routes et cette force motrice fournies gratuitement par la nature. Un coup d'œil jeté sur une carte nous convaincra bientôt que tous les fleuves ne jouent pas le même rôle dans les relations des peuples, que leur importance n'est pas toujours en raison de la masse de leurs eaux et de la longueur de