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    Cependant les deux souverains prisonniers ignorent encore quel
 sort leur réserve le vainqueur. Le 17 octobre, Napoléon les reçoit
 dans le palais des Czars où il s'est établi. « Vous, sire, dit-il à l'em-
 pereur Alexandre, vous combattiez pour votre pays.... Vous, Mon-
 sieur, dit-il à Bernadotte, vous avez oublié que vous étiez Français
 et vous avez tiré votre épée contre la France !... tous deux vous
 êtes mes prisonniers, ajoute Napoléon, mais je distingue entre vos
 actions      » L'empereur fait ensuite connaître sa volonté aux deux
 captifs. Bernadotte n'est plus prince de Suède, il redevient maré-
chal de France. L'empereur Alexandre est obligé de signer un traité
dont les conditions lui sont imposées comme des ordres. Ce traité
devient la cause et l'occasion de traités complémentaires entre la
 France et divers autres états. Par un manifeste daté de Saint-Pé-
 tersbourg, Napoléon promulgue, comme un décret émanant de lui
seul, les résultats de ces traités. En voici les principales disposi-
tions :
    Le royaume de Pologne est rétabli dans son intégrité. La Fin-
lande est rendue à la Suède qui, elle-même, cède la Norwège au
Danemarck. Le duché de Holstein est réuni à l'empire français. Le
roi de Suède paiera désormais à la France un tribut annuel. L'em-
pereur de Russie, outre une indemnité pour les frais de la guerre,
paiera aussi, chaque année, un tribut. Enfin, les flottes russe et
suédoise, et une partie des forces militaires de ces deux états sont
mises à la disposition de l'Empire.
   Ce n'est pas assez pour Napoléon d'avoir reconstitué ce royaume
de Pologne si justement nommé la France du Nord ; il complète
son œuvre en lui donnant pour roi le prince Poniatowski. Ce choix
excite l'enthousiasme de la nation polonaise; il augmente encore les
liens de fraternité et de dévouement qui l'unissaient à la France et
à l'empereur.
   Après avoir fait ces grandes choses, Napoléon surseoit un instant
aux fatigues de la guerre. Les troupes russes sont disséminées ; la
grande armée française, habilement répartie dans les centres les
plus importants, prend ses quartiers d'hiver ; et, du palais de
Saint-Pétersbourg qu'il habite jusqu'au printemps, l'empereur
Napoléon gouverne la France et surveille l'Europe soumise.