page suivante »
47
Mais les Moscovites n'ont pas voulu seulement soustraire leurs
personnes à la domination française, ils ont voulu soustraire aussi
leur ville à l'occupation ennemie. Pendant la nuit, un immense in-
cendie éclate à la fois sur tous les points : l'armée française est obli-
gée d'évacuer la ville et de se replier. Heureusement les projets
destructeurs des Russes ne reçoivent pas une exécution complète.
Une partie de la ville est épargnée par le feu, les magasins militaires
sont intacts. La grande armée trouve encore d'immenses ressources
dans Moscou, elle s'y repose pendant quelques jours et y reçoit d'u-
tiles renforts.
Ce repos est court : le 10 septembre Napoléon ordonne la mar-
che. La grande armée s'élance sur la route de Saint-Pétersbourg.
. L'empereur Alexandre voit le danger, il se décide enfin à faire face
à son ennemi. Lui aussi a reçu des renforts : le prince royal de
Suède, Bernadotte, l'a rejoint avec trente mille Suédois ; vingt-cinq
mille Anglais lui sont en même temps arrivés des ports de la Balti-
que ; son armée compte trois cent mille hommes. Appuyé sur cette
masse imposante de baïonnettes, l'autocrate russe espère la vic-
toire, il concentre ses forces en avant de Novogorod qu'il a fait for-
tifier, et il attend les Français qui s'avancent en chassant devant
eux tout ce qui tente de leur résister.
Le 7 octobre, les deux armées sont en présence. Le lendemain elles
s'entre-choquent ; la bataille commencée à neuf heures du matin est
terminée à quatre heures du soir. Napoléon a remporté une victoire
complète, le sort de la Russie est décidé. 11 ne reste rien de l'armée
que commandait Alexandre : soixante mille hommes ont été tués,
soixante et dix mille ont été faits prisonniers, le reste s'est noyé
dans le lac ou s'est dispersé. L'empereur de Russie et le prince de
Suède n'ont pu s'échapper au milieu de ce désastre ; ils sont
captifs !..
L'empereur utilise, avec son ardeur ordinaire, le brillant succès
qu'il vient d'obtenir. Sans daigner voir les deux souverains que le
sort des armes a fait tomber en son pouvoir, il s'avance rapidement
sur Saint-Pétersbourg. Sa marche ne rencontre aucun obstacle ; le
15 octobre, il fait son entrée triomphale dans la ville de Pierre
le Grand.