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43 avaient combattu sous les aigles impériales, soutenaient encore que l'empereur n'était pas mort, et que bientôt il viendrait, comme en 1815, chasser les infâmes qui foulaient aux pieds l'honneur et les libertés de la nation. Cette erreur était excusable. Le peuple avait alors oublié les ravages de la conscription ; il se rappelait seulement avec or- gueil la gloire dont Napoléon avait entouré la France. Les exi- gences du régime militaire lui semblaient moins pénibles à sup- porter que les envahissements incessants et les vexations toujours croissantes des aristocraties auxquelles les funestes événements de 1815 avaient ouvert un champ en apparence illimité. Mais cette espérance qui persistait à invoquer le retour de Napoléon était vaine, Napoléon n'était plus. Le brillant météore, dont la course rapide avait un instant illuminé le monde, était allé s'éteindre au milieu des mers. Le peuple ne pouvait plus revenir à son ancien maître ; il n'avait, désormais, à compter que sur lui-même pour se créer une destinée nouvelle et pour sortir de l'abjection où le vou- laient plonger ces rois, revenus après vingt années d'exil sans avoir rien oublié et sans avoir rien appris. Quand le moment fut venu où la mesure des vexations et des abus eût été comblée, le peuple comprit ce qu'il avait à faire. Trois jours lui suffirent pour se délivrer des chaînes que, pendant quinze années, ses ennemis avaient accumulé sur lui ! C'est un problème dont Dieu seul peut connaître la solution, que celui de savoir si les destinées de la France auraient été meilleures dans le cas où Napoléon aurait continué le cours de ses conquêtes. Pour apprécier avec quelqu'exactitude cette question délicate, il ne faudrait pas seulement examiner les événements qui ont eu lieu, il faudrait rechercher encore quels auraient été ces événements si l'empereur avait continué ou reconquis sa domination. Ce travail serait doublement difficile : d'une part, les faits sont bien récents pour qu'on puisse les connaître dans toute leur vérité et les ap- précier impartialement ; et, d'autre part, on risque bien de s'éga- rer quand on s'engage dans la voie ténébreuse des suppositions. Ce- pendant la comparaison de la réalité avec l'hypothèse pourrait seule conduire à un résultat. Quelque jour, peut-être, une plume