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38 une contradiction insoluble destinée à faire notre malheur. Mais voici Strauss qui, par ses Objections psychologiques, prétend détruire même l'argument téléologique. Sortira-t-il vainqueur aussi de ce combat? « Les capacités de l'individu, « dit-il, ne sont que bornées. L'ame dépérit avec le corps « dans la vieillesse. Ce qui constitue l'individualité, c'est pré- « cisémentla circonscription des facultés. Ce n'est que parce « que les limites des capacités sont diverses dans chacun de « nous, que nos individualités sont différentes. » Mais nous n'accordons pas du tout à Strauss que les talents de l'homme soient bornés ; notre sentiment nous dit le contraire. Et quoi- que virtuellement les capacités de tous les hommes soient éga- lement infinies, la différence des individualités n'en subsistera pas moins par suite de la différence qui existe chez les hom- mes dans le développement actuel de chacune de leurs facul- tés. « Ensuite, continue Strauss, si nous nous développions « de manière à ajouter éternellement à nos talents ceux des « autres, le monde finirait par arriver non pas à la perfection « mais à une mortelle uniformité. Si, au contraire, pour évi- « ter cette uniformité, chacun ne voulait développer que ses « propres talents, il deviendrait de plus en plus exclusif et in- « capable de comprendre la perfection des autres. « Quant à nous, nous croyons que cette uniformité imminente, dont Strauss nous fait un épouvantait, n'est nullement à craindre, par ta simple raison que l'idée môme du développement infini de chaque individu l'exclut complètement. D'ailleurs, il va sans dire que ce développement ne se fera exclusivement ni dans l'une ni dans l'autre des deux directions indiquées par Strauss, mais dans toutes les deux à la fois. Il ne reste plus, si nous laissons de côté quelques observations qui, évidemment, n'ont aucune force, qu'une objection, la seule au fond qui ait quelque valeur contre l'idée d'un progrès sans fin. « Ce pro- « grès, dit Strauss, ne nous amenantjamais à ta satisfaction de