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36 Yoilà donc l'immortalité que Strauss nous promet : une immortalité sans espoir ! N'est-il rien dans notre cœur qui s'élève contre cette logique froide et inexorable ? N'y a-t-il pas en nous une voix qui nous crie : « Non ce n'est pas là la vérité ! » Pour essayer de critiquer la doctrine que nous venons d'ana- lyser, partons de la conscience humaine. Ce point de départ est, nous l'accordons, simplement psychologique, purement subjectif; mais nous n'en connaissons point d'autres; aussi nous déclarons-nous d'avance incapables de convaincre celui qui ne saurait trouver en lui-môme le principe dont nous par- tons. Mais nous croyons en môme temps qu'il est impossible de le récuser. En effet, ce qui constitue l'essence de la nature humaine, n'est-ce pas la tendance vers l'absolu, vers l'infini ? Chacun ne trouve-t-il pas dans ses affections, dans ses désirs, dans ses efforts les plus intimes, la preuve de cette vérité ? Et quel en est le résultat immédiat par rapport à l'idée de l'im- mortalité ? Comment un être fini de sa nature peut-il attein- dre son but, l'infini ? Ce n'est pas en s'identifiant avec l'infini ; celte identification est contraire à notre nature d'êtres finis. Nos désirs ne peuvent donc être satisfaits que'dans un progrès éternel et sans fin, qui nous approche sans cesse du but au- quel nous aspirons. Un être fini qui aspire à l'infini ne peut avoir qu'une vie éternelle. Nous croyons avec Hase (1) qu'on ne saurait le nier sans admettre dans l'homme une contradic- tion flagrante, un désir naturel que Dieu aurait refusé de satis- faire, et qu'il ne nous aurait donné que pour faire notre mal- heur. Strauss ne voit d'immortalité que dans le présent, dans notre activité d'aujourd'hui pour le bien et pour le vrai ; mais notre ame se contente-t-elle d'une activité d'un jour ? Il (t) Lehrbuch der evangelischen Dogmatik von Dr. K. Hase, etc Ausg, Leipz. i838. 8".