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    Yoilà donc l'immortalité que Strauss nous promet : une
immortalité sans espoir ! N'est-il rien dans notre cœur qui
s'élève contre cette logique froide et inexorable ? N'y a-t-il
pas en nous une voix qui nous crie : « Non ce n'est pas là la
vérité ! »
    Pour essayer de critiquer la doctrine que nous venons d'ana-
lyser, partons de la conscience humaine. Ce point de départ
est, nous l'accordons, simplement psychologique, purement
subjectif; mais nous n'en connaissons point d'autres; aussi
nous déclarons-nous d'avance incapables de convaincre celui
qui ne saurait trouver en lui-môme le principe dont nous par-
 tons. Mais nous croyons en môme temps qu'il est impossible
de le récuser. En effet, ce qui constitue l'essence de la nature
 humaine, n'est-ce pas la tendance vers l'absolu, vers l'infini ?
 Chacun ne trouve-t-il pas dans ses affections, dans ses désirs,
dans ses efforts les plus intimes, la preuve de cette vérité ? Et
 quel en est le résultat immédiat par rapport à l'idée de l'im-
 mortalité ? Comment un être fini de sa nature peut-il attein-
 dre son but, l'infini ? Ce n'est pas en s'identifiant avec l'infini ;
 celte identification est contraire à notre nature d'êtres finis.
 Nos désirs ne peuvent donc être satisfaits que'dans un progrès
 éternel et sans fin, qui nous approche sans cesse du but au-
 quel nous aspirons. Un être fini qui aspire à l'infini ne peut
 avoir qu'une vie éternelle. Nous croyons avec Hase (1) qu'on
 ne saurait le nier sans admettre dans l'homme une contradic-
 tion flagrante, un désir naturel que Dieu aurait refusé de satis-
 faire, et qu'il ne nous aurait donné que pour faire notre mal-
 heur. Strauss ne voit d'immortalité que dans le présent, dans
 notre activité d'aujourd'hui pour le bien et pour le vrai ; mais
  notre ame se contente-t-elle d'une activité d'un jour ? Il

  (t) Lehrbuch der evangelischen Dogmatik von Dr. K. Hase, etc Ausg,
Leipz. i838. 8".