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 La doctrine de l'immortalité. Cette idée a occupé si vivement
 l'école hégélienne de nos jours, il s'est établi à ce sujet tant
 de débats scientifiques en Allemagne, que nous espérons ex-
 citer peut-être quelqu'intérôt en traitant cette question.
    C'est surtout par rapport à la doctrine de l'immortalité,
 que Strauss adresse à la philosophie ordinaire le reproche de
chercher au dehors, dans un monde futur, l'infini qui se trouve
dans l'esprit.
    Il commence par montrer qu'il est ridicule de soutenir que
si avec la mort tout était fini, il vaudrait mieux vivre comme la
brute sur cette terre. II tâche de faire comprendre la valeur
intrinsèque d'une vie rationnelle. Puis il s'attaque aux tirades
fades et sentimentales de ceux qui ne parlent que du bonheur
qu'on aura dans l'autre monde en retrouvant ses enfants, sa
femme, ses parents et ses amis. 11 montre que si l'ame est
destinée à s'y développer sous tous les rapports, à travers mille
relations diverses et toujours nouvelles, il lui serait tout aussi
peu avantageux de rester toujours dans les mêmes entourages
qu'il le serait à un jeune homme qui voyage ici-bas pour dé-
velopper son esprit, de se faire accompagner partout de toute
sa famille. Mais quelle est donc la consolation qui nous
reste à la mort des personnes que nous aimons, si nous ne
devons pas espérer de les revoir? Qu'on lise, répond Strauss,
ce que Hegel a écrit à l'un de ses amis qui pleurait la perte
de son enfant :
    « Je ne vous ferai qu'une seule question, celle que. j'ai faite
« à ma femme lorsque nous perdîmes notre premier enfant,
« alors unique. Je lui demandai lequel des deux elle préférerait
« d'avoir eu un enfant comme le nôtre, dans son plus bel âge,
« et de se résigner maintenant à sa perte, ou bien de n'avoir
« jamais eu ce bonheur. Votre cœur, mon ami préférera le
« premier cas. C'est celui dans lequel vous vous trouvez. Tout
« est passé ; mais il vous reste encore aujourd'hui le sentiment