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27 La doctrine de l'immortalité. Cette idée a occupé si vivement l'école hégélienne de nos jours, il s'est établi à ce sujet tant de débats scientifiques en Allemagne, que nous espérons ex- citer peut-être quelqu'intérôt en traitant cette question. C'est surtout par rapport à la doctrine de l'immortalité, que Strauss adresse à la philosophie ordinaire le reproche de chercher au dehors, dans un monde futur, l'infini qui se trouve dans l'esprit. Il commence par montrer qu'il est ridicule de soutenir que si avec la mort tout était fini, il vaudrait mieux vivre comme la brute sur cette terre. II tâche de faire comprendre la valeur intrinsèque d'une vie rationnelle. Puis il s'attaque aux tirades fades et sentimentales de ceux qui ne parlent que du bonheur qu'on aura dans l'autre monde en retrouvant ses enfants, sa femme, ses parents et ses amis. 11 montre que si l'ame est destinée à s'y développer sous tous les rapports, à travers mille relations diverses et toujours nouvelles, il lui serait tout aussi peu avantageux de rester toujours dans les mêmes entourages qu'il le serait à un jeune homme qui voyage ici-bas pour dé- velopper son esprit, de se faire accompagner partout de toute sa famille. Mais quelle est donc la consolation qui nous reste à la mort des personnes que nous aimons, si nous ne devons pas espérer de les revoir? Qu'on lise, répond Strauss, ce que Hegel a écrit à l'un de ses amis qui pleurait la perte de son enfant : « Je ne vous ferai qu'une seule question, celle que. j'ai faite « à ma femme lorsque nous perdîmes notre premier enfant, « alors unique. Je lui demandai lequel des deux elle préférerait « d'avoir eu un enfant comme le nôtre, dans son plus bel âge, « et de se résigner maintenant à sa perte, ou bien de n'avoir « jamais eu ce bonheur. Votre cœur, mon ami préférera le « premier cas. C'est celui dans lequel vous vous trouvez. Tout « est passé ; mais il vous reste encore aujourd'hui le sentiment