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26 tout entier avec l'humanité n'est que le mouvement continuel de l'idée absolue qui tend ainsi à arriver à la conscience d'elle- même. L'homme qui parvient à reconnaître qu'il n'est qu'une des formes infiniment variées dans lesquelles l'absolu se réalise, arrive par la connaissance de cette vérité au salut. Quant au fond même des idées, le défaut capital de la philosophie de la réflexion c'est, selon Strauss, de chercher toujours le vrai, le bien, l'infini, non pas dans l'homme lui-même, dans le pré- sent, mais en dehors de l'homme, dans le passé ou dans l'avenir; de ne pas le croire capable de s'élever par lui-même et ici-bas à la perfection véritable, et de ne supposer qu'il ne le fait que par suite de secours extraordinaires et seulement dans le monde avenir. D'après cela, on serait porté à croire que la doctrine posi- tive de Strauss c'est le spinosisme. Notre auteur déclare que partout, en effet, nous nous trouvons poussés à cette doctrine, mais que ce système n'est, néanmoins, que le commencement et le fondement de la vérité. Dieu n'est pas, il est vrai, dit Strauss, une personne à côté ou au dessus d'autres personnes, comme le croit le théisme; mais il n'est pas non plus, ce que croyait Spinosa, une substance qui manque de personnalité. Ce qui distingue le panthéisme de nos jours, le panthéisme véri- table, c'est qu'il a compris que l'essence de Dieu c'est de se personnifier lui-même à l'infini dans le fini. Mais nous ne pouvons pas exposer et critiquer ici la doctrine complète de l'auteur. Resserrons les limites du champ que nous nous proposons de parcourir, afin de pouvoir y pénétrer un peu plus profondément. Un seul des résultats qu'admet Strauss bien compris, et la méthode critique qu'il suit pour y arriver clairement saisie, suffiront pour donner une idée du livre dont nous parlons. Nous ne nous attacherons donc qu'à un point de la philoso- phie religieuse de Strauss pour le caractériser et le critiquer: