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  nullités conventionnelles, si à ces démonstrations ne se joignaient le devoir
  pour le devoir, l'amour de Dieu pour l'amour de Dieu. Fais ton devoir,
  aime ton prochain comme toi-même pour l'amour de l'Eternel, ton Dieu.
  Cette morale sublime est néanmoins antérieure à l'Évangile ; ce qui le prouve,
  c'est que ces croyances existaient déjà : on les retrouve surtout dans le Peu-
  tateuque (T.évitiqnc X I X , i S . Deutéronome V I , 5). La croyance morale pure
  eut un règne magnifique dans les premiers temps de l'ère chrétienne ; mais
  à cette croyance religieuse s'adjoignit sensiblement une croyance historique :
  ce lut la un signe manifeste que le christianisme allait subir de dures épreuves,
  de terribles combats ; bientôt ce qui ne devait être que véhicule, devint
 essence, fondement, base générale, et la croyance historiqne parvint à do-
 miner de nouveau sans jamais pourtant atteindre à une autorité absolue.
  Les lulfes commencèrent ; les deux croyances se livrèrent des combats achar-
 nés cl tous les efforts tendirent à vaincre l'une ou l'autre croyance suivant
 les intérêts de tous ou d'un seul. Selon Kant, la croyance religieuse pure
 n'a jamais régné avec plus d'énergie qu'aux temps où il lui a été donné
 de vivre ( t ) . En un mol et avec cet illustre philosophe : « Distinguer la
loi religieuse de la loi ecclésiastique ; reconnaître que la première est l'in-
 terprète suprême et le but unique de la seconde ; que tout ce qui est
 hisloiique et réglementaire n'est qu'un moyen d'éveiller et de vivifier le
sentiment moral, c'est en cela que consistent les vraies lumières en fait
de religion (a). »
     Mais où est la difficulté ? Elle est dans la subordination de la volonté
 à la loi morale, car la volonté hait la dépendance: la loi morale seule
 doit régler l'exercice de notre volonté, et la vraie religion n'existe qu'à
 ce prix. La véritable Église est l'institution qui amène les hommes à pra-
 tiquer cette religion, laquelle étant absolue, universelle, la véritable Eglise
est universelle, la même pour tous : il faut donc proclamer la nécessité
 d'une telle institution, et souhaiter que le règne de Dieu vienne un jour,
pur et universel sur la terre. C'est à cette Église que doit être confiée
l'éducation du genre humain, c'est d'elle que nous attendons la régénération
sociale, pour que tous concourent à la réalisation objective du plus su-
blime idéal que l'on puisse concevoir.

                                             II.

   Les deux dernières parties de la théorie de Kant forment deux chapitres
où la question du culte formulée avec une netteté et une concision r a r e s ,
rentre absolument dans le système rationaliste pur de l'auteur, et se trouve
minutieusement d'accord avec les doctrines professées dans les chapitres pré-
cédents. Ce que nous avons à dire sur cette partie se résume en ce seul
jugement, à savoir, que le philosophe est toujours conséquent avec lui-
même, et que, pour nous, qui partageons ses idées, nous en approuvons
de même les conséquences pratiques. Voici comment Kant interprète ra-
tionnellement les principaux mystères du christianisme. Le premier mystère
que Kant nous explique est la Trinité. La Trinité n'est point un mystère,
car tout mystère est un secret de la religion rationnelle, et la raison nous
fait parfaitement entrevoir le sens de la Trinité. Dieu est à la fois « un
législateur saint, un souverain plein de bonté, un juge intègre. ) Il nous
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a crées, il nous conserve, il nous administre ; il nous envoie le vrai, le
bien, le beau ; il est comme trois personnes dont chacune a pour mission

 ( 0 Voyez ta piéface, pag, Tyi, où cette prétention se trouve expliquée.
 {z) Kant. THÉORIE SUR I.A RELIGION, etc., pag. 85, tiafluct, (tu docteur Lot'tct,