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   — Tant mieux !
   Et le brigand resta quelque temps silencieux. Puis, tout à-
coup, il s'écria en bondissant de rage :
   — C'est pourtant loi, Chourineur, qui me vaut cela!... Bri-
gand ! sans toi, je refroidissais l'homme el j'emportais l'argent
Si je suis aveugle, c'est ta faule, oui, c'est ta faute...
   — Ne pense plus à cela, c'est malsain pour loi... Voyons^
viens-tu, oui ou non?... je suis faligué, je veux dormir. Je vas
te conduire où tu voudras, j'irai me coucher après.
   — Mais je ne sais où aller, moi !.. dans mon garni, je n'ose
pas, il faudrait dire...
   — Eh bien! écoute : veux-tu, pour un jour ou deux, venir
dans mon chenil?... j e t é trouverai, peut-être bien, des braves
gens qui, ne sachant pas qui lu es, te prendront en pension
chez eux comme un infirme. Tiens, il y a justement un
homme du port Saint-Nicolas, que je connais, dont la mère
habite Saint-Mandé, une digne femme, qui n'est pas heureuses-
peut-être bien qu'elle pourrait se charger de toi... Yiens-lu,
oui ou non ?
   — On peut se fier à toi, Chourineur. Je n'ai pas peur d'al-
ler chez toi avec mon argent. Tu n'as jamais volé, toi... lu n'es
pas méchant... tu es généreux...
   — Allons, c'est bon. Assez d'épitaphe comme ça.
   — C'est que je suis reconnaiasant de ce que tu veux bien
faire pour moi, Chourineur... lu es sans haine et sans ran-
cune toi... dit le brigand avec humilité; tu vaux bien mieux
 que moi.
   — Tonnerre! je le crois bien. M. Rodolphe m'a dit que
j'avais du cœur...
   — Mais quel est-il donc ce Rodolphe?... ce n'est pas un
h o m m e ! s'écria le Maître d'école avec un redoublement de fu-
reur désespérée, c'est un bourreau !... un monstre !...
  Le Chourineur haussa les épaules et dit :
  — Parlons-nous?
  — Nous allons chez toi, n'est-ce pas, Chourineur?