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500 — Tant mieux ! Et le brigand resta quelque temps silencieux. Puis, tout à - coup, il s'écria en bondissant de rage : — C'est pourtant loi, Chourineur, qui me vaut cela!... Bri- gand ! sans toi, je refroidissais l'homme el j'emportais l'argent Si je suis aveugle, c'est ta faule, oui, c'est ta faute... — Ne pense plus à cela, c'est malsain pour loi... Voyons^ viens-tu, oui ou non?... je suis faligué, je veux dormir. Je vas te conduire où tu voudras, j'irai me coucher après. — Mais je ne sais où aller, moi !.. dans mon garni, je n'ose pas, il faudrait dire... — Eh bien! écoute : veux-tu, pour un jour ou deux, venir dans mon chenil?... j e t é trouverai, peut-être bien, des braves gens qui, ne sachant pas qui lu es, te prendront en pension chez eux comme un infirme. Tiens, il y a justement un homme du port Saint-Nicolas, que je connais, dont la mère habite Saint-Mandé, une digne femme, qui n'est pas heureuses- peut-être bien qu'elle pourrait se charger de toi... Yiens-lu, oui ou non ? — On peut se fier à toi, Chourineur. Je n'ai pas peur d'al- ler chez toi avec mon argent. Tu n'as jamais volé, toi... lu n'es pas méchant... tu es généreux... — Allons, c'est bon. Assez d'épitaphe comme ça. — C'est que je suis reconnaiasant de ce que tu veux bien faire pour moi, Chourineur... lu es sans haine et sans ran- cune toi... dit le brigand avec humilité; tu vaux bien mieux que moi. — Tonnerre! je le crois bien. M. Rodolphe m'a dit que j'avais du cœur... — Mais quel est-il donc ce Rodolphe?... ce n'est pas un h o m m e ! s'écria le Maître d'école avec un redoublement de fu- reur désespérée, c'est un bourreau !... un monstre !... Le Chourineur haussa les épaules et dit : — Parlons-nous? — Nous allons chez toi, n'est-ce pas, Chourineur?