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460 source qui reste aux écrivains médiocres, de ne rien respec- ter, et d'offenser à la fois les mœurs, la religion et les lois (1). J'ai déjà cité le manuscrit de notre bibliothèque ; il con- tient des pièces sur Law, contrôleur général, sur Fontenelle, Crébillon, etc. La réunion de ces pièces tient à l'histoire d'une nation qui s'est toujours consolée de ses revers et de ses perles par des plaisanteries et des couplets. Chamforl d é - finissait spirituellement l'ancien régime : Une monarchie abso- lue tempérée par des chansons. « INous avons eu de plus mauvais poètes que Gacon, nous n'en avons pas eu de plus méprisés; son nom est devenu une injure, et l'on ne peut disconvenir, en lisant ses épigrammes, ses turlupinades, ses libelles, qu'il n'ait mérité le déshonneur dont sa mémoire reste chargée. Ce n'est pas pour avoir com- posé des satires, ce n'est pas même pour avoir trop souvent fait de méchants vers que Gacon s'est déshonoré. Tous les genres de satire ne sont pas blâmables, et il n'est pas donné à tous les poètes d'y réussir; l'auteur qui s'exerce sans succès, s'il respecte d'ailleurs les mœurs et la religion ne s'expose guère qu'au désagrément d'être raillé par ceux qu'il voulait rendre ridicules; mais, lorsqu'une basse méchanceté dirige la plume du satirique, lorsqu'il attaque sans sujet et sans pudeur les hommes les plus vertueux, les talents les plus distingués; lorsqn'enfin il a l'air de spéculer pour vivre sur le scandale et la calomnie, eût-il d'ailleurs un esprit supérieur, il ne peut espérer d'échapper au juste mépris de ses concitoyens. De quel opprobre ne se couvre-t-il pas, lorsqu'à la bassesse de l'a me il a le malheur de joindre, comme Gacon, la grossièreté de l'esprit? C'est en vain que l'abbé Trublet veut excuser les torts de Gacon, en nous parlant de ses franchises et en nous le représentant comme un homme qui avait moins de fiel que Boi- leau. I! faul, ou que l'auteur de celle bizarre apologie n'ait pas (I) Magasin encyclopédique, VIe année, lomell, page 52.