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  couper en deux le tombeau du roi Dagobert u St-Denis! Que
 reste-t-il du château renommé de l'ArbresIe? et plus près de
  nous encore ne voyons-nous pas les murs démantelés de la
 chapelle de l'Observance (1) livrer à l'intempérie des saisons
 ses précieuses sculptures? Au moment où nous écrivons ceci le
 conseil municipal d'Auxerre veut établir une salle d'asile dans
 l'une des plus anciennes églises de la ville, presqu'aussi belle
 que la cathédrale de Sens. Avec quel mépris les étrangers doi-
 vent-ils voirie vandalisme réfléchi qui existe en France, si on
 le compare avec les efforts érudits de tous les autres peuples
 pour dérober au temps les restes des siècles passés et des races
 éteintes! en Italie, en Allemagne, en Belgique, en Angle-
 terre et jusque dans la malheureuse Irlande, on entoure de
 vénération ces souvenirs d'un autre âge. En Prusse, la loi dé-
fend non seulement de détruire un monument historique, mais
 encore de l'affecter à un usage indigne de sa première desti-
nation ; que si des restaurations deviennent urgentes, ce n'est
qu'après un concours présidé par des artistes de tous genres
 (et non par des conseillers municipaux), que les travaux sont
adjugés au plus habile. Chez nous, si l'emportant sur l'incu-
rie, ou sur les prétendues nécessités de destruction, l'esprit
de conservation vient éveiller un remords, on prend l'architecte
le mieux placé par sa fortune et ses alliances, peu importe
son talent; alors ce fléau, bien plus dangereux que le temps
et les révolutions (car ce qu'il ne détruit pas il le dénature),
remplaçant le sculpteur par le maçon, vient poser sa truelle
sacrilège sur la rouille artistement jetée par le temps ù nos
imposantes basiliques! il profane ces vénérables pierres par
de ridicules décors de théâtre, comme ceux qui déshonorent la
chapelle St-Louis de notre cathédrale, ou par d'ignobles pein-
tures comme celles dont on a avili Saint-André-le-Bas, de
Vienne!

  (i) Elle sert encore de magasin à fourrage.