page suivante »
396 mur qui se livra à des expériences comparatives constata que nos porcelaines n'étaient qu'à demi transparentes, qu'el- les avaient une cassure unie et vitreuse, qu'elles se vitri- fiaient complètement à une haute température, tandis que celles de Chine étaient d'un blanc opaque, à grains fins et serrés, luisants, et qu'elles résistaient sans se fondre à la cha- leur la plus élevée de nos fourneaux. De cette différence na- quit la distinction que l'on a faite entre la porcelaine tendre d'Europe et la porcelaine dure de Chine (1). En 1738, il fut créé au château de Vincennes une manufacture de porcelaine par les soins du marquis de Fulvy, gouverneur de ce château, qui consacra toute sa fortune à cet éta- blissement; des fermiers généraux en devinrent proprié- taires, bâtirent en 1750 l'édifice qu'on voit aujourdhui à Sèvres et y transportèrent l'établissement de Vincennes. En 1779, Louis XV acquit celte manufacture qui depuis fit toujours partie du domaine de la couronne. On ne fa- briquait cependant à Sèvres que de la porcelaine tendre, mais le secret de la porcelaine dure trouvé par un Alle- mand, qui depuis fonda la manufacture de Vienne, fut apporté en France par un Slrasbourgeois qu'on attacha à l'établissement royal; on fit venir du kaolin du Palatinat et l'on obtint de la vraie porcelaine. Comme il était difficile de se procurer de la matière première, les produits de Sè- vres restèrent forts chers jusqu'en 1770 où l'on trouva à St-Yriex, prés Limoges, une argile qu'on reconnût être le (i) La porcelaine tendre, dont la fabrication est tout à fait abandonnée aujourd'hui, est fort estimée des amateurs qui recherchent le vieux-Sèvres, devenu extrêmement rare. Riche de couleurs, il affectait des formes re- cherchées et gracieuses ; le style du dessin des ornements est analogue au style de Boucher, de Naloire, de Restant, en un mot de tous les peintres de Louis XV, fidèles imitateurs des mœurs du temps.