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 « La solution de ce problème ne me parut pas difficile. J e me dis que,
 semblable à loules les hautes intelligences, le statuaire toscan s'était inspiré
 de son sujet. v>
     Quoi ! c'est là ce que vous appelez faire de la philosophie ? J'en
 demande bien pardon à M . le professeur , niais cette philosophie-là
 n'est, à vrai dire, qu'une formule banale d'admiration qui n'explique pas
 plus l'œuvre de Michel Ange qu'elle n'a expliqué tous les monuments de-
 vant lesquels on ne s'est pas fait faute de la répéter. M . le professeur a
 beau ajouter que, « si Michel Ange a reproduit avec tant de sublimité
 l'image de Moïse, c'est qu'il a su trouver dans Moïse même, avec une poésie
 sans exemple, je ne sais quelle grandeur voisine de cet infini dans lequel
 l'architecte de Saint-Pierre et le peintre du Jugement dernier allait puiser
 le germe de toutes ses conceptions artistiques. » Ces retentissantes paroles
 sont trop vagues pour donner une idée exacte des rapports de l'œuvre de
 Michel Ange à Moïse, et des secrètes affinités du génie du sculpteur avec
 le génie du modèle qu'il a évoqué.
    J e comprends d'autant moins que M. Plantier se soit épris du style aca-
 démique, et qu'il l'ait choisi comme type et modèle du sien, qu'il avait
 sous les yeux la phrase hébraïque si courte et si énergique. Mais je.
 comprends aussi sa prédilection pour M . Villemain, cet esprit plein de goût
 et de prudence. Toutefois, si M . Villcmain est parmi nous le dernier re-
présentant des faiseurs de périodes, il faut convenir qu'il se distingue aussi
par la délicatesse et la finesse. Or, ce sont là deux grandes qualités, tel-
lement grandes que M. Joubert, passé maître en ces matières, a dit, avec
exagération sans doute, que c'étaient les seules indices du vrai talent.
    Malgré toutes nos critiques, les Études sur les poètes bibliques méritent,
d'être lues. Il s'y rencontre de bonnes pages, témoin celles sur Jean-Baptiste
Rousseau, que M . Plantier a eu le courage de mettre à sa place, quoi-
qu'il soit encore reçu, dans un certain monde, de l'appeler le plus grand
lyrique de la France.
    Du reste, nous attendons M . l'abbé Plantier à l'étude générale de la poésie
hébraïque qu'il nous p r o m e t , et qui lui donnera sans doute occasion de
pénétrer plus profondément dans son sujet.




  Les articles que notre collaborateur M . Devay a publiés dans la            Revue,
sous le titre : De l'Hygiène    dans ses rapports   avec le Christianisme,   ont été
traduits en partie en italien, dans les Annales des Sciences religieuses de Rome,
par le professeur Giuseppe de Mathéis ( t ) .


 £1} Juillet et août 1841.