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324 parole aulbaine..., Estuclions seulement d'accroistre et abonir la nostre, qui court aujourd'huy par toute l'Europe; trou- vons mois nouveaux, courts, doux, charnus, et nerveux, bien recherchez et eslabourez : faisons renaistre et resusciter ceux qui ont esté dès-piéça délaissés, rappellons-les; lesquels remis en usage, auront plus de grâce et de goust, pour estre sortis de nostre ancien estoc, que ceux que nous avons em- pruntez des nations estrangères. Si d'adventure nous n'en avions pour exprimer ce que nous voulons traiter, ou re- présenter, lors transplantons chez nous, adoptons et natu- ralisons les estrangers les plus propres et mieux sonnants aux oreilles. L'usage et le temps qui apportent et emportent beaucoup de mots vieux et nouveaux, les ferons vivre et revi- vre (1). » Et selon Henri Estienne : « Si le vieil françois estoit bien espluché, on y Irouveroit grand nombre de manières de parler, les quelles ont esté inconsidérément et à grand tort bannies de nostre langage : et estans remises en leur entier, lui feroyent pour le moins autant d'honneur, que luy font de deshonneur un tas de nouveaux mots et façons de parler nou- velles, qui, sans aucun adveu, sont entrées par les fenestres aux bonnes maisons de France (2). » « Pourquoi, dit-il ail- leurs, ne ferions fueillelcr nos romans, et desrouillcr force beaux mots tant simples que composez, qui ont pris la rouille pour avoir esté si longtemps hors d'usage.... mais il nous en prend comme aux mauvais mesnagers qui, pour avoir plu- stostfait, empruntent de leurs voisins ce qu'ilstrouveroyent chez eux s'ils vouloyent prendre la peine de le chercher.... Combien de mots se sontinsinuez en la bonne grâce de nostre langage par moyens subtils, sans que nous nous en soyons ap- (i) Nicolas Pasquier, livre VII, leltre I. (2) Henri Estienne : Traité de la Conformité du langage français avec le grec. Livre J, obsei'v. 2.