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                              S 03
fanline est une leçon qui assouplit l'organe en recommen-
çant l'exercice et assure le son en le redoublant aussitôt.
   Pour les choses muettes ou sans vibration distincte, une
admirable faculté de comparer les range sous des signes
déjà créés qui reçoivent une acception nouvelle, en subissant
quelquefois une modification légère. Consacrés dans le prin-
cipe à un emploi spécial, les mots s'étendent rapidement
à des choses de moins en moins semblables, en vertu de
rapports toujours plus partiels ; d'abord courts et monosyl-
labiques, ils se joignent, se combinent : ainsi, le sens et
le son, tout se complique, tout va du simple au composé.
Des analogies délicates déterminent entre nos sens un échange
des mots qui leur sont propres.
   Les objets sensibles servent à l'expression des idées pu-
rement morales et ces deux ordres opposés, dont l'esprit a
su découvrir le lien mystérieux, se réunissent dans un signe
commun. L'homme des premiers âges n'a pas appris à se
replier sur soi-même. Ce qui est du dehors est ce qu'il
connaît le mieux : aussi, c'est le dehors qui lui explique
le dedans et il se rend compte de ce qu'il sent au moyen
de ce qu'il voit. Pour bien comprendre les vagues mouve-
ments du cœur, les subtiles et rapides combinaisons de l'esprit,
il a besoin de les rapprocher des impressions des sens si
nettes, si bien définies, et, par des figures aussi justes qu'in-
génieuses, il parvient toujours à donner un corps à sa pensée.
Dans une civilisation plus avancée, plus habituée à la ré-
flexion, le poète, par une sorte de revanche, explique parfois
le monde physique par le monde moral et se sert des phé-
nomènes intérieurs pour mieux faire comprendre la nature.
Mais ceci, on le sent bien, ne peut être qu'une piquante
 exception.
   On a de bonne heure localisé les passions, les facultés,
les sentiments, presque à la manière de Gall, en leur assi-