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•287 Il y aurait fort à faire pour rétablir et commenter celle inscrip- tion, dans le triste état où elle nous est donnée. Ce n'est pas le lieu d'entreprendre ce travail ingrat, qui ne pourrait être d'ailleurs que conjectural et incomplet. J'aurai atteint le but que je me propose ici, quand j'aurai fixé l'attention de ceux qui me lisent sur les trois mots qui reviennent à mon sujet : Corpore (ou bien Corpus, ou Corporis), anNONARlORVMRII'ARIORVM; car, avec Reinesius (1), je ne saurais douter qu'on ne doive suppléer ainsi la fin de la qua- trième ligne et lo commencement do la cinquième. On sait que du mot annus on forma celui d'annona, par lequel on désignait la provision de vivres, de grains surtout, pour la subsistance d'une année. On en avait un soin particulier à Rome, où il y eut à cet effet un prœ-fectus annonw (2): et les médailles constatent fréquemment la sollicitude des empereurs à cet égard, par la légende ANNONA, AVGVSTI, ou autres semblables, accompagnant la figure d'une femme debout, qui à ses pieds a un boisseau et une proue de navire. Il en est question également dans un assez grand nombre d'inscrip- tions. D'annona, on fit l'adjectif annonarius, lequel n'a pas besoin d'explication ; mais ce mot se trouve employé aussi dans un sens substantif. On désignait ainsi une sorte de fournisseurs, à ce qu'il paraît, chargés d'approvisionner les légions : c'est ce qui semble ré- sulter d'une disposition du code théodosien (3), ainsi que d'une ins- cription recueillie par Gruter(i). Sans doute, la même dénomination fut employée aussi dans l'ordre civil, pour désigner une profession dont les fonctions étaient les mêmes : et c'est celle-ci que nous voyons indiquée dans le monument lyonnais que je cite. Elle y est plus particulièrement spécifiée par l'épithèteRlPARIORVM ; laquelle nous fait assez connaître que les approvisionnements de notre cité lui arrivaient par la voie de ses fleuves, apparemment surtout parla Saône : naturellement, il devait en être ainsi. autorité, puisqu'il n'avait pas vu l'inscription, serait, d'ailleurs, fort ridicule. (J) Loc. Laud. (2) Tacit., Annal. I, 7 ; XII, 22. — Gruler, Inscript, antiq. MLXXXVI, 6. (5) Cod. Theodos. VIII, l, 15. 14) Imcript. Antiq. CCCCLXXIX, 6.