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d'autres citeront les dénominations qui,, dans toute cette
étendue, rappellent à chaque pas la présence des cours
d'eau. Partout ce sont ces Brotteaux, plaines basses, sujet-
tes à être inondées5 des marais considérables sont encore
actuellement disséminés sur cette surface et ne sont-ils
pas le résidu de l'ancien fleuve ; d'ailleurs, ces noms de
Combes, de l'Ile, de Paluds, de Rubine, de Rigolon et de
Losnes (1) n'indiquent-ils pas suffisamment des lieux autre-
fois envahis par les eaux ; et comment, en présence de tant
d'indications locales et de traditions, reculer devant l'idée
qui veut que tout le pays Velin ne soit autre chose qu'un
terrain abandonné par le Rhône et qu'il pourra envahir
de nouveau à la première occasion. Ces craintes sont encore
justifiées par d'autres circonstances. La pointe saillante de
la Pape constitue un éperon naturel qui sollicite constam-
ment le Rhône à se jetter vers l'est; il ne trouverait ici
qu'un sol meuble et facile à délayer; il forme de nom-
breux attériesements sur sa rive droite; il exerce de fré-
quentes corrosions sur sa rive gauche, et ne doit-on, pas dès
à présent, voir arriver le jour où la ville abandonnée par le
fleuve qui l'embellit, qui facilite ses approvisionnements,
qui donne le mouvement à son commerce et à son indus-
trie, se trouvera réduite à cet état d'infériorité dont elle a
déjà été menacée par une prédiction sinistre suivant la-
quelle un temps viendra où l'on dira : Lyon près de la
Guïllotiere.



   (1) Combe, concavité du sol largement évasée; Paluds, du latin Palus
marais, pré marécageux; liubine, canal, en patois méridional; Rigolon, dépres-
sion de la plaine parcourue par le Rhôue lors de ses crues, ou bien petit bras
dans lequel le Rhône coule habituellement avec une certaine rapidité ;
Losne ou Lône, bras du fleuve dans lequel l'eau est plus ou moins stagnante.