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188 d'autres citeront les dénominations qui,, dans toute cette étendue, rappellent à chaque pas la présence des cours d'eau. Partout ce sont ces Brotteaux, plaines basses, sujet- tes à être inondées5 des marais considérables sont encore actuellement disséminés sur cette surface et ne sont-ils pas le résidu de l'ancien fleuve ; d'ailleurs, ces noms de Combes, de l'Ile, de Paluds, de Rubine, de Rigolon et de Losnes (1) n'indiquent-ils pas suffisamment des lieux autre- fois envahis par les eaux ; et comment, en présence de tant d'indications locales et de traditions, reculer devant l'idée qui veut que tout le pays Velin ne soit autre chose qu'un terrain abandonné par le Rhône et qu'il pourra envahir de nouveau à la première occasion. Ces craintes sont encore justifiées par d'autres circonstances. La pointe saillante de la Pape constitue un éperon naturel qui sollicite constam- ment le Rhône à se jetter vers l'est; il ne trouverait ici qu'un sol meuble et facile à délayer; il forme de nom- breux attériesements sur sa rive droite; il exerce de fré- quentes corrosions sur sa rive gauche, et ne doit-on, pas dès à présent, voir arriver le jour où la ville abandonnée par le fleuve qui l'embellit, qui facilite ses approvisionnements, qui donne le mouvement à son commerce et à son indus- trie, se trouvera réduite à cet état d'infériorité dont elle a déjà été menacée par une prédiction sinistre suivant la- quelle un temps viendra où l'on dira : Lyon près de la Guïllotiere. (1) Combe, concavité du sol largement évasée; Paluds, du latin Palus marais, pré marécageux; liubine, canal, en patois méridional; Rigolon, dépres- sion de la plaine parcourue par le Rhôue lors de ses crues, ou bien petit bras dans lequel le Rhône coule habituellement avec une certaine rapidité ; Losne ou Lône, bras du fleuve dans lequel l'eau est plus ou moins stagnante.