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155 se présente nécessairement avec toute son impersonnalilé et .son universalité. Or, quel est le caractère du sens commun, si ce n'est l'impersonnalité et l'universalité. Le sens commun n'est pas plus infaillible que la raison dans l'individu, caria rai- son, dans l'individu, est impersonnelle et universelle comme dans le sens commun ; mais l'individu est obligé d'avoir recours au sens commun pour s'assurer si ce qu'il croit être la raison est bien réellement la raison. Le sens commun ren- ferme la raison dans une position qui la met à l'abri de toute subjectivité ; par conséquent, lorsque la raison, dans l'individu, s'accorde avec le sens commun, celui qui le consulte est sûr qu'il possède bien la raison, ceite lumière impersonnelle, uni- verselle, infaillible. Le sens commun n'est pas plus ou moins infaillible que la raison dans l'individu, car il est la môme raison ; ce qui est infaillible dans ce confert de l'individu au sens commun, c'est la raison elle-même qui s'y manifeste dans toute son unité, dans toute son universalité, dans toute sa divinité. La grande dispute du rationalisme et du traditionalisme est donc ainsi conciliée, et la source de la certitude, l'infaillibilité, est attribuée à la réalité môme, à Dieu, d'où se répand sur nous l'éternelle lumière de la raison. Pour reconnaître celte raison, l'intelligence individuelle est obligée d'avoir r e - cours au sens commun, qui suppose la réunion des hommes, l'état sociai"; la société est donc nécessaire à l'homme sous le point de vue de la certitude. Mais l'homme est, avant tout, un être doué du cœur, il est sur la terre pour se former à la vie absolue, et la vie absolue est l'amour; l'état où l'homme pourra le mieux se préparer à cette sublime vie, sera celui qui offrira tous les moyens de développer l'amour dans son cœur. L'homme doit être placé sur la terre dans une position telle, que son cœur se trouve aussitôt engagé dans une série de circonstances qui lui fassent