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145 « ses actes ne seraient pas ses actes, et aucun autre être que « Dieu ne pourrait, en s'opposant ce qui n'est pas lui, s'é- « crier : Moi ! Ce moi signifie la personne dans l'être ; voyons « ses propriétés. Dieu est la cause infinie de sa propre exis- « tence ; aussi, toutes les fois que l'on conçoit l'idée de subs- « tance, l'on conçoit simultanément l'idée de cause; c'est que « la substance est l'être en tant qu'il existe, et la cause l'être, « en tant qu'il agit. Or, comme toute existence ne peut subsis- « ter que par une conformité plus ou moins grande avec l'être « absolu, le propre de l'être étant d'être cause et de produire « des actes, si l'homme est un être, il est cause et produit des « actes. » L'homme a donc la causalité. Causalité, spontanéité, liberté, trois mots qui expriment le pouvoir qu'a la volonté ; le premier indique qu'elle produit des effets; le second, qu'elle les produit d'elle-même ; le troi- sième, qu'en agissant elle peut se rendre libre de tout mobile étranger. L'auteur développe ensuite toutes les preuves par induction de la liberté, preuves psychologiques et morales, preuves tirées du sens commun, de la raison universelle ; et comme son livre a pour but la science sociale, il complète à son point de vue sa thèse sur la liberté morale, en établissant qu'elle est la source originelle de l'inégalité parmi les hom- mes, la personnalité se développe en raison de ses actes : de l'usage inégal de la liberté naît l'inégalité morale, intellec- tuelle et physiologique, qui se traduit dans la société par l'inégalité de position. « Les gouvernements et les lois n'ont « donc fait que consacrer les résultats de l'inégalité parmi « les hommes, ce ne sont point eux qui l'y ont établie. Aussi « ne comptons point sur les gouvernements pour la faire « disparaître; l'égalité de valeur morale peut seule engen- « drer l'égalité sociale; et celle-ci, l'égalité politique, et « celle-ci l'égalité économique. Soyons, par nos mérites, tous 10