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134 La nature humaine réclame donc impérieusement une double éducation; si le perfectionnement moral ne suit pas le développement physique, si celui-ci déborde, les lois physiologiques semblent violées, et l'individu ne pos- sède plus alors que des forces apparentes, mais les sources mêmes de sa vitalité sont épuisées. Grandeur morale et prépondérance organique sont in- timement unies dans la vie des nations, et Tune et l'autre sont infailliblement le produit des saines pratiques et des bonnes mœurs. A priori, c'est une question sur laquelle on ne peut avoir aucun doute ; a posteriori, c'est-à -dire par l'expérience de siècles et les enseignements de l'his- toire, c'est un fait mille fois prouvé. Héro.dote nous rap- porte un exemple terrible de cette déchéance des peuples. Les habitants de Sardes s'étaient révoltés contre Cyrus, ce prince voulut les exterminer entièrement; Crésus, ému de compassion pour ses anciens sujets, conseilla au vain- queur de laisser la vie aux Lydiens, mais de les énerver tous, et particulièrement ceux de la Capitale, de manière à éteindre en eux le courage et la vertu, qui pouvaient les rendre redoutables aux Perses. Cyrus suivit cet infâme conseil; il défendit pour toujours aux Lydiens l'usage des armes et les exercices militaires; il prescrivit une espèce de vêtement assez semblable à celui que portaient les fem- mes sur le théâtre; et leur ordonna d'instruire leurs en- fants des deux sexes, dans tous les arts de la volupté et de la corruption. L'exécution de ces ordonnances, produisit comme l'observe Hérodote, un changement total dans les mœurs et les usages des Lydiens (î). Leur patrie devint dès lors la sentine d'une grande corruption qui, sous les (i) Hérodote, I, i55.