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   La nature humaine réclame donc impérieusement une
double éducation; si le perfectionnement moral ne suit
pas le développement physique, si celui-ci déborde, les
lois physiologiques semblent violées, et l'individu ne pos-
sède plus alors que des forces apparentes, mais les sources
mêmes de sa vitalité sont épuisées.
   Grandeur morale et prépondérance organique sont in-
timement unies dans la vie des nations, et Tune et l'autre
sont infailliblement le produit des saines pratiques et des
bonnes mœurs. A priori, c'est une question sur laquelle
on ne peut avoir aucun doute ; a posteriori, c'est-à-dire
par l'expérience de siècles et les enseignements de l'his-
toire, c'est un fait mille fois prouvé. Héro.dote nous rap-
porte un exemple terrible de cette déchéance des peuples.
Les habitants de Sardes s'étaient révoltés contre Cyrus,
ce prince voulut les exterminer entièrement; Crésus, ému
de compassion pour ses anciens sujets, conseilla au vain-
queur de laisser la vie aux Lydiens, mais de les énerver
tous, et particulièrement ceux de la Capitale, de manière
à éteindre en eux le courage et la vertu, qui pouvaient les
rendre redoutables aux Perses. Cyrus suivit cet infâme
conseil; il défendit pour toujours aux Lydiens l'usage des
armes et les exercices militaires; il prescrivit une espèce
 de vêtement assez semblable à celui que portaient les fem-
mes sur le théâtre; et leur ordonna d'instruire leurs en-
fants des deux sexes, dans tous les arts de la volupté et de
 la corruption. L'exécution de ces ordonnances, produisit
comme l'observe Hérodote, un changement total dans les
 mœurs et les usages des Lydiens (î). Leur patrie devint
 dès lors la sentine d'une grande corruption qui, sous les

  (i) Hérodote, I, i55.