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cause augmente leur étendue et diminue la masse des eaux
du fleuve.
   Que se passe-t-il sur tout le cours du fleuve ? Chaque
province, chaque département, chaque commune, chaque
propriétaire, sous le prétexte de défendre, mais plutôt pour
étendre son terrain, a, en quelque sorte, déclaré la guerre
à l'autre rive. Chacun s'est mis à barrer des bras de la ri-
vière pour envahir des îles, à en creuser pour avoir un port
près du village, à élever des bouts de digues, des épis, et
sans s'inquiéter des dégradations qu'ils pouvaient causer plus
bas; petits travaux souvent détruits par les dérangements
survenus dans le cours du fleuve, conséquence nécessaire
d'ouvrages semblables, élevés en amont. Il est résulté de
tout ce mouvement que les berges n'ont qu'une durée éphé-
mère et ne peuvent jamais se consolider.
   Après avoir ainsi bouleversé tout le lit du fleuve, excepté
dans les parties où il coule sur le rocher, après avoir dé-
rangé le régime de ses eaux, nous nous écrions dans notre
sot aveuglement : II n'y a plus d'eau dans le Rhône, il faut
Établir un chemin de fer.
   N'y a t i donc point de remède? Ne sommes-nous pas
         ——l
trop présomptueux en voulant établir une route artificielle
pour remplacer cette voie si commode et si prompte de
communication ?
   S'il est vrai que la masse des eaux diminue constamment
depuis plusieurs siècles dans les principales rivières de l'Eu-
rope, et que cette diminution progressive soit une loi de
la nature, nous ne pouvons l'empêcher, rmais nous pouvons
faire reculer l'époque où la navigation deviendrait impos-
sible.
   Il ne dépend pas de nous qu'il tombe un millimètre d'eau
de plus ou de moins sur le territoire d'un fleuve, mais il
 dépend de nous que les eaux basses soient moins basses