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71 celte fausse voie, il en a subi les funestes conséquences. Les am- bitieux, tendent à devenir despotes, et, pour satisfaire à leur passion déplorable, ils foulent aux pieds les libertés et les lois jusqu'à ce qu'une catastrophe vienne les renverser et les punir : telle a été la pente sur laquelle a glissé l'empereur, tel a dû être son sort. Et lors même que Sainte-Hélène, compliquée d'un geôlier anglais, ne serait pas une preuve saisissante de cette fatalité qui manque rarement d'atteindre et de punir les princes méconnaissant leurs devoirs et abusant de leurs droits, on trouverait encore cette preuve même dans la brillante hypothèse créée par M. Geoffroy. Par- venu au faîte des grandeurs, monarque universel du monde, maître de la terre, roi des rois, entouré d'hommages et de soumissions, Napoléon n'a pas trouvé le bonheur. Il a voulu conquérir, il a conquis; il a voulu dominer, il domine; il a voulu que son nom fût révéré à l'égal de celui de Dieu, son nom est l'objet d'une sorte de culte ; il a voulu devenir l'arbitre du monde, le monde attentif 11 soumis cherche à deviner ses intentions pour les prévenir ; il a voulu rapporter à sa personne tous les grands événements qui ont illustré son époque, il a voulu effacer les peuples sous le poids et sous la resplendissante magie de sou nom, les peuples se sont résignés, et le nom de Napoléon couvre toutes les pages de l'histoire ; et, cependant, au milieu de cette merveilleuse fortune, Napoléon n'est pas heureux. Son ambition n'a plus rien à désirer et pourtant elle n'est pas satisfaite. Son cœur est vide, son ame est bla- sée. L'ennui, cet ennemi des égoïstes heureux, l'ennui s'est abattu sur le monarque universel du moment que le monarque universel n'a plus trouvé de peuples à soumettre, de provinces à conquérir. L'histoire apocryphe de Napoléon nous le montre, pendant les der- nières années de sa vie, languissant étouffé par le vide qui l'entoure au sommet ou il est si glorieusement arrivé. Si haut placé au dessus des hommes et des choses, Napoléon se trouve seul dans l'univers. Il se trouve seul, et plutôt que de redescendre au milieu de ce peuple auquel il doit toutes ses gloires, plutôt que de chercher le bonheur en faisant le bonheur du monde, il reste guindé sur son pinacle, et il regarde au dessus de lui comme si