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maine que leur livre la main puissante de l'empereur. Le détroit
de Suez existe; l'Afrique, désormais, sera la plus grande île du
monde.
   Cette œuvre est belle, elle dote le monde d'un puissant élément
de richesses et de bien-être: elle ne suffît pas cependant à l'empe-
reur. Le gigantesque travail qu'il vient de faire exécuter ne satisfait
pas son ardent génie ; ses méditations produisent une conception
nouvelle qui a quelque chose de merveilleux.
   Depuis bien longtemps les savants de tous les pays discutent et
divaguent sur l'emplacement où s'élevait autrefois la somptueuse
Babylone. Napoléon a étudié les lieux ; il annonce un jour, aux sa-
vants qui l'ont accompagné en Asie, qu'il croit avoir résolu ce pro-
blème sur lequel tant d'opinions ont été émises, sur lequel tant de
livres ont été écrits. Des sourires de doute ou d'incrédulité ac-
cueillent cette déclaration de l'empereur. Mais lui, souriant aussi,
invite les sceptiques à venir, dans deux mois, visiter Babylone ex-
humée des atterrissements sous lesquels elle est ensevelie.
   Napoléon se met de suite en mesure d'accomplir son étonnante
promesse. Des légions d'ouvriers accourent à son ordre: leurs tra-
vaux habilement dirigés démontrent bientôt la justesse des calculs
de l'empereur. L'antique Babylone surgit comme par enchantement
du sein de la vallée où elle gisait cachée sous des masses de sable et
de terres. Les édifices apparaissent, les rues se dégagent, les mai-
sons se déblaient. La grande ville de Sémiramis reparaît au soleil
après vingt siècles de ténèbres et d'oubli.
   Ce n'est pas tout. L'empereur ne veut pas seulement rendre au
monde étonné la plus admirable ville des temps anciens, il veut faire
renaître encore le plus étonnant monument des temps primitifs.
A peine les ouvriers ont-ils fini de restaurer Babylone que déjà l'or-
dre de l'empereur les appelle à un autre travail.
   Une immense montagne, d'une forme conique quasi-régulière,
s'élève derrière Babylone. La pioche et la pelle enlèvent les forêts
et les terres qui couvrent les flancs de cette montagne. Bientôt appa-
raît une route immense qui s'enroule comme une longue spirale autour
de la montagne dépouillée. A mesure que les travaux continuent,
d'énormes arcades semblent naître ; des voûtes s'élèvent superpo-