page suivante »
63 maine que leur livre la main puissante de l'empereur. Le détroit de Suez existe; l'Afrique, désormais, sera la plus grande île du monde. Cette œuvre est belle, elle dote le monde d'un puissant élément de richesses et de bien-être: elle ne suffît pas cependant à l'empe- reur. Le gigantesque travail qu'il vient de faire exécuter ne satisfait pas son ardent génie ; ses méditations produisent une conception nouvelle qui a quelque chose de merveilleux. Depuis bien longtemps les savants de tous les pays discutent et divaguent sur l'emplacement où s'élevait autrefois la somptueuse Babylone. Napoléon a étudié les lieux ; il annonce un jour, aux sa- vants qui l'ont accompagné en Asie, qu'il croit avoir résolu ce pro- blème sur lequel tant d'opinions ont été émises, sur lequel tant de livres ont été écrits. Des sourires de doute ou d'incrédulité ac- cueillent cette déclaration de l'empereur. Mais lui, souriant aussi, invite les sceptiques à venir, dans deux mois, visiter Babylone ex- humée des atterrissements sous lesquels elle est ensevelie. Napoléon se met de suite en mesure d'accomplir son étonnante promesse. Des légions d'ouvriers accourent à son ordre: leurs tra- vaux habilement dirigés démontrent bientôt la justesse des calculs de l'empereur. L'antique Babylone surgit comme par enchantement du sein de la vallée où elle gisait cachée sous des masses de sable et de terres. Les édifices apparaissent, les rues se dégagent, les mai- sons se déblaient. La grande ville de Sémiramis reparaît au soleil après vingt siècles de ténèbres et d'oubli. Ce n'est pas tout. L'empereur ne veut pas seulement rendre au monde étonné la plus admirable ville des temps anciens, il veut faire renaître encore le plus étonnant monument des temps primitifs. A peine les ouvriers ont-ils fini de restaurer Babylone que déjà l'or- dre de l'empereur les appelle à un autre travail. Une immense montagne, d'une forme conique quasi-régulière, s'élève derrière Babylone. La pioche et la pelle enlèvent les forêts et les terres qui couvrent les flancs de cette montagne. Bientôt appa- raît une route immense qui s'enroule comme une longue spirale autour de la montagne dépouillée. A mesure que les travaux continuent, d'énormes arcades semblent naître ; des voûtes s'élèvent superpo-