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annonce qu'il se dispose à s'emparer de l'Egypte et à conquérir
l'Asie.
   A peine ces grands projets ont-ils été révélés que déjà leur exé-
cution est prĂȘte. Dans les premiers jours de mars, une immense
expédition maritime, commandée par le comte Sidney Smith, dé-
barque une puissante armée sur les cÎtes d'Egypte, pendant qu'une
armée plus puissante encore, réunie dans les environs de Smyrne,
sous les ordres du roi d'Espagne, s'avance dans ladireclion d'Alep.
   L'Egypte, pleine encore du souvenir de Napoléon, n'essaie pas
mĂȘme de rĂ©sister; elle est conquise sans coup fĂ©rir.
   Le sultan Mahmoud, relégué depuis 1817 dans ses possessions
d'Asie, ne se résigne pas aussi facilement à subir la domination des
aigles impériales. Il déploie l'étendard du prophÚte et appelle tous
les Musulmans à la défense de leur pays et de leur religion. Trois
cent mille hommes, fanatisés par cet appel énergique, accourent se
ranger sous l'étendard sacré. En voyant le nombre et l'enthousiasme
de ses soldats, Mahmoud sent ranimer son courage ; et, sans atten-
dre les secours que ses pachas lui amĂšnent avec une lenteur peut-
ĂȘtre calculĂ©e, il se porte vivement sous les murs de SaintJean-
d'Acre, afin d'empĂȘcher la jonction des deux armĂ©es impĂ©riales.
   L'armée d'Egypte, commandée par Napoléon, arrive la premiÚre
en présence de l'armée turque. Le 9 juin, à dix heures du matin,
les deux armées, également impatientes de la victoire, s'élancent
l'une contre l'autre. Le choc est terrible. Les Turcs, transportés par
le fanatisme religieux, se sont rués sans ordre et en masse serrée sur
les troupes impériales. La brusquerie de cette irruption a paralysé
toute tactique et toute manƓuvre, la bataille devient une mĂȘlĂ©e con-
fuse, un combat corps à corps. BientÎt l'infanterie française, désunie
et rompue, est accablée par l'innombrable cavalerie de l'ennemi.
Napoléon voit en frémissant le succÚs des Turcs. Dans ce moment
critique, son génie et son sang-froid développent toute leur éner-
gie. Il réussit à rallier une partie de l'aile gauche de son
armée. Une heureuse réaction s'opÚre, le centre et l'aile droite re-
viennent en ligne. Encore quelques efforts et les chances vont de-
venir peut-ĂȘtre favorables Ă  l'armĂ©e française; mais le marĂ©chal
Berthier est frappĂ© Ă  mort, l'empereur lui-mĂȘme reçoit une blĂ©s-