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 qu'il vient de rendre au Saint-Père. 11 apprend au pape que, par une
 clause jusqu'alors secrète du traité de Saint-Pétersbourg, l'empe-
 reur de Russie, renonçant à toujours à son protectorat de l'église
 grecque, a consenti à rentrer avec tous ses coreligionnaires dans le
 giron de l'église catholique romaine et à reconnaître le pape comme
 seul souverain pontife de la chrétienté. Cette importante nouvelle
 comble le Saint-Père de joie. Ses mains s'élèvent vers le ciel pour
 invoquer les bénédictions divines sur le grand homme qui fait un si
 pieux usage de son pouvoir et de ses succès.
    Le lendemain de ce grand événement, l'empereur part pour l'Es-
 pagne. Le 3 juillet, il passe en revue son armée ; le 5, il bat les
 Anglais près de Valladolid ; le ï l , il arrive en présence de l'armée
anglo-espagnole, retranchée sous les murs de Ségovie, et commandée
 par Wellington. Deux jours se passent pendant lesquels les deux
 partis s'observent. Enfin, le 13 juillet, Napoléon donne le signal de
l'attaque. Une bataille terrible s'engage. Après huit heures d'un
combat acharné, un habile mouvement, ordonné par l'empereur,
décide du sort de la journée. Les Français sont vainqueurs.
    Cette victoire est funeste à l'ennemi. L'armée anglo-espagnole est,
détruite : trente-trois mille Anglais ont mis bas les armes, Wel-
lington est prisonnier, l'Espagne est reconquise.
    Le 16 juillet 18(3, l'empereur fait son entrée triomphale à Ma-
drid. Bientôt on lui amène Ferdinand Vil, arrêté près de Tolède au
moment où il cherchait à échapper au vainqueur. Ce faible prince
s'humilie et sollicite son pardon ; il renouvelle sa renonciation for-
melle à la couronne d'Espagne, et pour preuve de la sincérité de son
dévouement, il demande à s'alliera la famille impériale en épousant
la fille aînée du prince Lucien. Napoléon traite le roi déchu avec
uue dédaigneuse indulgence, et lui laisse la liberté. Cet acte intelli-
gent de clémence produit les plus heureux fruits. L'Espagne, désil-
lusionnée par la faiblesse que vient de montrer ce Ferdinand pour
lequel elle avait prodigué son sang et son or, reporte toute son affec-
tion sur le roi Joseph ; la royauté nouvelle est désormais affermie
sur le trône espagnol. Une solennelle formalité la consolide encore;
le pape vient à Madrid verser l'huile sainte sur la tête du roi Jo-
seph. Cette consécration achève l'œuvre de la victoire.