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 « l'amour de la famille. Enfin la métamorphose continue de
 « l'univers n'est identique à l'immortalité qu'en tant qu'elle
 « est reconnue, de sorte que l'immortalité se trouve toujours
 « transportée de l'avenir dans le présent, du dehors en nous-
 « mêmes. Devenir au milieu de tout ce qui est borné, un
 « avec l'infini, être éternel dans chaque moment, voilà la
 « véritable immortalité. L'affirmation absolue du bien, voilà
 « la béatitude éternelle. »
   Et pour rendre son idée plus claire, pour faire valoir son
 côté poétique, pour faire sentir au lecteur que cette immorta-
lité n'est pas un abîme dont il faille s'épouvanter, mais la vé-
ritable résignation et la plus belle consolation dans la mort,
Strauss nous engage, à la dernière page de son livre, à lire
une poésie de Rûcker, le plus varié, le plus riche, le plus bril-
lant des poètes allemands contemporains :
                   Lafleurmourante.

   Espère ! Tu verras encore revenir le printemps. Les arbres,
quand le vent d'automne les a dépouillés, n'espèrent-ils pas,
durant l'hiver, en la vertu cachée de leurs bourgeons ? Et la
sève se remet en mouvement, et produit une nouvelle verdure.
   « Hélas ! je n'ai pas la vigueur de l'arbre qui se soutient un
« millier d'années, qui après les songes de l'hiver sourit de
« nouveau au printemps. Hélas, je ne suis que la fleur que le
« baiser du soleil de mai à éveillée. Une fois couverte de mon
« linceul blanc, il ne reste de moi aucune trace. »
  Si tu parles comme cette fleur, ame modeste, console toi.
Tout ce qui fleurit porte aussi des semences. Laisse la tem-
pête de la mort disperser au loin la poussière de ta vie ; tu re-
naîtras encore cent fois de cette poussière.
   « Oui, d'autres fleuriront après moi, d'autres qui me res-
« sembleront ; quoique toutes lesfleursse fanent à leur tour, la
« beauté des prés est éternelle. Il y aura toujours des fleurs,