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34 « l'amour de la famille. Enfin la métamorphose continue de « l'univers n'est identique à l'immortalité qu'en tant qu'elle « est reconnue, de sorte que l'immortalité se trouve toujours « transportée de l'avenir dans le présent, du dehors en nous- « mêmes. Devenir au milieu de tout ce qui est borné, un « avec l'infini, être éternel dans chaque moment, voilà la « véritable immortalité. L'affirmation absolue du bien, voilà « la béatitude éternelle. » Et pour rendre son idée plus claire, pour faire valoir son côté poétique, pour faire sentir au lecteur que cette immorta- lité n'est pas un abîme dont il faille s'épouvanter, mais la vé- ritable résignation et la plus belle consolation dans la mort, Strauss nous engage, à la dernière page de son livre, à lire une poésie de Rûcker, le plus varié, le plus riche, le plus bril- lant des poètes allemands contemporains : Lafleurmourante. Espère ! Tu verras encore revenir le printemps. Les arbres, quand le vent d'automne les a dépouillés, n'espèrent-ils pas, durant l'hiver, en la vertu cachée de leurs bourgeons ? Et la sève se remet en mouvement, et produit une nouvelle verdure. « Hélas ! je n'ai pas la vigueur de l'arbre qui se soutient un « millier d'années, qui après les songes de l'hiver sourit de « nouveau au printemps. Hélas, je ne suis que la fleur que le « baiser du soleil de mai à éveillée. Une fois couverte de mon « linceul blanc, il ne reste de moi aucune trace. » Si tu parles comme cette fleur, ame modeste, console toi. Tout ce qui fleurit porte aussi des semences. Laisse la tem- pête de la mort disperser au loin la poussière de ta vie ; tu re- naîtras encore cent fois de cette poussière. « Oui, d'autres fleuriront après moi, d'autres qui me res- « sembleront ; quoique toutes lesfleursse fanent à leur tour, la « beauté des prés est éternelle. Il y aura toujours des fleurs,