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G Au calme répandu sous la voûte éternelle, Il semblait que le temps eût replié son aile Sur l'océan tari d'où s'échappent les jours : Le fleuve seul, au pied de la colline sombre, Elevait en passant sa grande voix dans l'ombre, Comme s'il se plaignait de cheminer toujours. Et seul avec la nuit, seul avec la nature, 11 laissait son regard flotter à l'aventure Dans ce sombre infini qu'il sonda tant de fois, Abandonnant son ame au cours des rêveries, S'enivrantdes senteurs qui montaient des prairies, Et des vagues soupirs des ondes et des bois. A travers un réseau de clartés léthargiques, »., Son œil ravi voyait, en des lointains magiques Où lefleuveet les champs allaient s'évanouir, Se dresser, au-dessus des ombres de la terre, De pâles monts où, comme en un divin parterre, Les astres, fleurs des nuits, semblaient s'épanouir. Puis c'étaient de grands bois pendant en noirs panaches, Des villages semés comme de blanches taches, Dans la plaine, au vallon, sous l'ombre des rameaux. A peine, par moments, une pâle lumière, Ou l'aigre cri du coq, hôte de la chaumière, Arrivait jusqu'à lui des tranquilles hameaux. Puis au couchant, au bord de ses ondes vassales, Au pied de ses coteaux aux croupes colossales. A travers d'un rideau deflottantesvapeurs,