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766 QU'EST-CE QUE LE MAGNÉTISME? Jl faut donc se garder de prendre l'ombre pour la réalité. — De ce qu'un somnambule parle de médicaments, qu'il se fait des prescrip- tions, il n'en faut pas conclure qu'il jouit d'un don particulier qui le met en rapport direct avec ce qui convient à sa santé. 11 ne sait rien que ce qui existe dans son esprit, ou ce qui procède du vôtre. — De ce qu'il indique d'avance le jour et l'heure d'une crise, il ne faut pas en conclure qu'il jouit du don de prévision, et que la crise doit arriver ;— car il dépend de vous de l'empêcher de se produire.— De ce qu'il n'éprouve aucun mal des remèdes singuliers qu'il s'ordonne, il ne faut pas en conclure qu'il sait mieux que vous, médecin, les choses qui lui conviennent, car il dépend de vous de les rendre dangereuses. Le somnambule, en un mot, n'est presque rien par lui, il est tout par vous. — C'est votre chose, le miroir où votre pensée se réfléchit, et qu'il traduit dans la forme qui convient à son organisation et à l'état de ses connaissances. Tout ce qui ne procède pas directement ou comme conséquence des notions que vous avez l'un et l'autre rentre dans le cercle des choses dites au hasard, ou des hallucinations.— Mais les faits futurs prédits dans une hallucination peuvent se réaliser si, dans votre esprit de magnétiseur, le somnambule peut lire l'instant où vous attendez la crise. A part le bien que peut produire la magnétisation directe dans quel- ques circonstances données, comme les affections nerveuses, les crises douloureuses, certaines maladies aiguës ou chroniques, où le système nerveux joue un rôle exagéré, nous n'avons rien à attendre, ou pres- que rien du somnambulisme, au point de vue de l'utilité et de la pra- tique. — Mais si vous vous y abandonnez sans réserve médicale, je vous promets de sérieux dangers et de curieuses déceptions. — Déception pour vous, qui allez consulter la somnambule, parce qu'elle ne peut rien vous dire que vous ne sachiez parfaitement. — Vous êtes séduit, parce qu'elle tombe juste, elle ne fait que traduire votre pensée, — elle ne vous donnera jamais rien en dehors de ses connaissances, de celles de son magnétiseur ou des vôtres. — Que vous importe qu'elle vous dise : — Monsieur ou Madame souffre dans tel endroit !... — Monsieur est préoccupé de telle ou telle idée. —La chambre de Madame est comme ceci, comme cela. —Vous le savez tout aussi bien qu'elle, — et avant elle.— Au point de vue phé- noménal, c'est une scène très-intéressante ; — mais si vous l'envisagez sous le rapport du profit que vous pouvez en retirer, il ne reste rien absolument. — Rien, et pourquoi ? — Parce que toujours la somnam-