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                                LES DIÃŽOUI.NS.                           361

    Ulude, le messie s'élait rendu invisible. Le gendarme, par # U , croit
    Peu aux farfadets, gnomes et lutins ; il continua ses recherches, avec
    'e flair qui caractérise cette honorable institution, et il linit par dé-
    couvrir le petit bon dieu, bravement couché avec une jeune fille. Di-
    gonnet, fâcheusement dérangé, opposa la plus vive résistance. A sa
    v
      °ix, à ses cris, à ses vociférations stridentes, tout le Béguinage ac-
    courut; hommes, femmes, vieillards, enfants, jeunes filles, boiteux,
   tortus, tous se levèrent pour prêter main-forte au prophète qui criait]:
   A
       moi!... à moi!... venez.... Je vais les changer en crapauds .'.'Mais,
   cette fois, le miracle rata.
       A son tour, la garde nationale se lève (in masse pour appuyer la
   gendarmerie. Les deux armées sont en présence.... Elles en viennent
   a
     ux mains.
       Uancer et Balouffet, les plus exaltés des Béguins, sont armés de pis-
  tolets ; ils les déchargent à bout-portant sur les gendarmes ; le garde
  champêtre est blessé. Les gendarmes ripostent : un coup de feu at-
  teint Balouffet en même temps qu'il est frappé dans les reins par la
  «aïonnetle d'un garde national.
       Wgonnet blessé, couvert de sang, fait rage et se débat en désespéré ;
  (
   'u pied, du poing et delà tête, il lutte avec l'impétuosité, la violence
  et la force du lion. Les femmes à Bi gonnet se cramponnent à lui, les
  gendarmes l'étreignent, ils roulent à terre, pèle-mèle, au milieu de la
 Poussière, des clameurs et des jurements.
      Force resta enfin à la loi, et le dieu fut écroué à la prison de St
 Etienne.
      A la nouvelle de cette petite insurrection religieuse, le Procureur
 ôe la République se transporta à St-Jean-Bonnefonds. 11 fit cerner la
 W'iison dans laquelle s'étaient réfugiés les Béguins les plus exaltés
 comme pour y soutenir un siège.
      On enfonce la porte, et l'on voit l'assemblée calme et recueillie, fai-
l l i t la cène, et se préparant au supplice.
     Douze Béguins, des plus forcenés, et six Béguines, des plus turbu-
lentes, furent arrêtés, et durent partager le sort de Digonnet.
     lîalouffet fut laissé dans un état désespéré ; un coup de baïonnette
a
  vait traversé la poitrine, et le malheureux, victime d'un aveugle fa-
natisme, semblait près de succomber à la gravité de ses blessures.
     En se rendant à St-Etienne, sous l'escorte de la gendarmerie, les
Béguins et les Béguines paraissaient marcher au bûcher; ils chan-
gent des cantiques tout le long du chemin, leur ligure rayonnait de
*;i foi des martyrs. Dans la prison, leur attitude fut digne et résignée ;