page suivante »
CHRONIQUE POLITIQUE. LE GÉNÉRAL GÉMEAU >:T L'ÉTAT DE SIÈGE. Quelques journaux, la Presse entr'autres, ont jugé à propos , ces jours-ci, de s'occuper du passé politique du général Gémeau, sous le règne duquel nous avons le bonheur de vivre,; ils ont cité un dis- cours prononcé par le général à Strasbourg, dans le courant d'avril 1848, à l'occasion delà plantation d'un arbre de liberté. Nous ne le re- produirons pas ; car, malgré l'entente silencieuse de nos trois jour- naux qui se sont bien gardés d'en parler, il a été lu par tout le inonde. C'est une des plus chaleureuses adhésions à la République que nous ayons lues ; le général a été éloquent, sa période a du souffle, de l'ampleur, du mouvement; du commencement jusqu'à la fin de l'allocution, on est surpris de rencontrer cette émotion vraie, fort rare dans les morceaux de littérature officielle, et comme un accent révo- lutionnaire. Au point de vue de la rhétorique, nous en faisons notre sincère compliment au général. Nous avons surtout remarqué la phrase suivante : » Si l'armée a déposé ses armes devant le peuple, c'est qu'elle a voulu lui présenter, non pas une main, mais deux mains amies. » L'image est ingénieuse, adroite et pleine de délicatesse. M. Cousin, qui s'écria un jour en pleine Sorbonne : Messieurs, à Wa- terloo, il n'y a eu ni vainqueurs ni vaincus, n'aurait pas trouvé mieux. Nous ne nous donnerons pas le malin plaisir d'opposer la procla- mation de 1848 aux paroles et aux actes de 1850, nous ne crierons pas à l'apostasie ! à quoi bon ? Y a-t-il donc aujourd'hui en France un homme politique, ayant passé la cinquantaine , qui n'ait tour Ã