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                         BULLETIN ARTISTIQUE.                          707
 quelle admirable harmonie que M. Maréchal ait su conserver, quelle
 richesse de tons qu'il ait employée, quelle science de coloriste dont il
 ait fait preuve, il n'a pas su échapper à ce défaut d'absorber presque
 entièrement le jour à certaines places, et de se livrer à des effets d'op-
 positions plus appropriés à un autre genre de peinture.
    Nous pourrions bien, puisque nous en sommes à ce chapitre, faire
 quelques reproches de détail aux vitraux de Saint-Georges. Nous pour-
 rions dire que le nimbe blanc et vert du Christ est d'un ton désagréa-
blement fade, que les carnations de la même figure, ainsi que celles du
saint Georges sont un peu crues, et que le fond bleu des fénestrelles
des pinacles semble réclamer quelque ornement en mosaïque qui l'in-
terrompe et lui donne une solidité qui lui manque ; mais ces détails
défectueux disparaissent dans l'effet général.
    Il y a une chose que nous aimons dans M. Maréchal, c'est que, pour
 lui, la peinture sur verre est plus qu'une science, c'est aussi un art;
c'est qu'il déploie, dans ses œuvres, autre chose que des connais-
sances purement archéologiques, et que l'inspiration de l'artiste n'y
disparaît pas sous le réseau de plomb de l'ouvrier. Chez M. Maréchal,
le sentiment est toujours spontané, marqué au coin d'une individualité
propre. Il n'est pas de ces artistes qui se croient obligés de reproduire,
dans leurs compositions, toute l'ignorance, toute l'inhabileté, toute
l'archéologie de formes, des œuvres d'une autre époque, et n'y mettent
en moins que la vérité et l'inspiration. Semblables en cela à ces per-
sonnes déjà mûres, qui croient retrouver la jeunesse, en singeant les
gaucheries de l'adolescence. Qu'on ne se le dissimule pas : il est pos-
sible, parfaitement possible de réaliser un art profondément chrétien,
il est possible môme, en décorant un monument du moyen-âge, de se
conformer à l'esprit de ce monument, sans s'astreindre en rien à une
imitation servile et toujours impuissante. Ce ne sont pas les membres
tordus, les attitudes forcées, les emmanchements impossibles qui
constituent le vrai caractère de l'art à cette époque, c'est l'inspiration
élevée, la foi vivante et forte, le désir ardent, immense, infini. Ayez
cette foi et cette inspiration, et alors seulement, vous ferez de l'art
inspiré comme ceux sur les traces desquels vous voulez marcher.
   Ces réflexions se présentaient d'elles-mêmes à notre esprit, en par-
courant dernièrement une église de pur style roman, que M. Maréchal
a aussi décorée de vitraux, et dont les murs ont été recouverts de fres-
ques par un de nos compatriotes, M. Hippolyte Flandrin. Nous parlons
de l'église Saint-Paul, à Nîmes. Eh bien! nous croyons évident que,
dans cette grande et belle Å“uvre de peinture monumentale, les parties