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                     LYON APRÈS LE 9 THERMIDOR.                      '27^

faire ; il les avait exhortés à l'oubli de ces querelles de personnes, au
sacrifice de ces haines funestes à la révolution et à la patrie. Touchée
par cette harangue, la Société avait aussitôt ouvert son sein à plusieurs
des membres exclus, notamment à Bertrand, l'ancien maire, et à Ar-
naud-Tison. Enfin, pour que cette réconciliation des Patriotes fût géné-
rale et publique, on avait imprimé et affiché le discours de Berger avec
la relation de la séance. Mais les proconsuls se hâtèrent de publier une
protestation contre de telles doctrines qu'ils signalèrent comme subver-
sives. Ils chassèrent de la Société tous les membres qu'elle avait reçus,
et en suspendirent provisoirement les assemblées.
   Cette affaire fut suivie de quelques désordres, ayant pour but peut-
être de délivrer Berger, détenu, mais non encore transféré à Paris. De
fausses patrouilles circulèrent une nuit dans les rues ; un individu,
ayant le costume et prenant le titre de major, parcourut les postes, et
se fit suivre par une partie des militaires qui les composaient. Il es-
sayait, avec cette escorte, de se faire ouvrir la prison de Roanne par
le poste qui la gardait, lorsqu'il fut reconnu et arrêté.
   Mais, au surplus, le règne des Patriotes,& Lyon, était définitivement
passé. Le temps allait à d'autres idées et à d'autres hommes. Minorité
active et turbulente, elle pouvait bien encore lutter, résister, se dé-
fendre, mais non reconquérir le pouvoir. Quand un parti politique est
dans cet état, tous les événements, ses propres efforts même, tournent
contre lui. Plus il agit, plus il se perd.

                                                     J. MORÃN.