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212 DU REMPLACEMENT quatre membres, parce qu'ils nous servent quelquefois à commettre de mauvaises actions ; ils nous enfermeraient entre les quatre nwr9 d'une prison, de pe/ar que nous nous servions mal de la faculté d'aller et de venir, et ils nous y mettraient au pain et à l'eau, pour nous en- seigner une salutaire tempérance. Eh bien ! qu'arrive-t-il ? c'est que toutes les fois qu'une gène es1 apportée à la satisfaction d'un besoin ou d'un goût, de même qu'^ l'exercice d'une faculté, c'est d'abord l'usage légitime, la satisfaction régulière et modérée qui en souffre, tandis que l'usage abusif, la con- sommation vicieusa et passionnée résiste ou échappe aux entraves- Cela se conçoit. Le vice et la passion ne s'arrêtent point aux obstacles» et ne calculent pas la dépense. Ils jetteront, sans y regarder, leur der- nier écu sur un excès. Le tonneau de vin, dans l'état des choses, ressemble à un homme qui serait appelé à voyager avec une entrave aux pieds. 11 voudrait bien pénétrer dans le pauvre ménage, pour y servir à la famille, mais il ne le peut pas ; alors, il se donne aux pas- sions intempérantes, et, empêché d'entretenir la santé, il provoque 1* débauche. M. A. Fould a fait un raisonnement qui tourne contre sa thèse. " établit que, dans les départements du nord, où l'on ne récolte pas &e vin, à Rouen, par exemple, cette denrée se vend à un prix excessif» même eu égard aux frais qui la grèvent, et dit-il, vous voyez bien que ce n'est pas l'impôt qui nuit à la consommation. Mais, cette conclu- sion est fausse. C'est précisément parce que la marchandise, surchar- gée et entravée , est au-dessus des moyens de la consommation usuelle, qu'elle n'est plus qu'une consommation de luxe, rare, parce qu'elle est chère, et chère, parce qu'elle est rare. Laissez-la arriver H' brement, débiter librement, affranchie des formes inquisitoriales, e* alors l'équilibre s'établira, dans le prix de son débit, sur les points les plus divers. Comment M. Fould, de ce que la marchandise est à un prix trop élevé, peut-il en déduire que le goût la repousse ? Ce se- rait le contraire qui serait vrai. Si le goût populaire repoussait cette denrée, elle s'offrirait à vil prix, comme toute marchandise qui n'est pas demandée. Et cependant, elle est demandée, mais en petite quan- tité, parce que son prix est élevé ; et, son prix n'est élevé, que pa rce que son abord, sur le marché, est soumis à des conditions onéreuses- Que demandons-nous donc ? Sommes-nous des factieux qui vou- lons affamer le gouvernement et soulever contre ses légitimes exiger1' ces les passions populaires ? Mais non ; nous proclamons qu'il faut qu* le gouvernement vive et fonctionne, parce que c'est là notre plus grand