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;>3-i                  DES ÉLECTIONS DU tO MARS.

 huis-clos, et par l'intrigue et le tripotage de quelques hommes s'enipa-
 rant dé l'initiative, ou bien après une épreuve publique et universelle
 qui a constaté la force de chaque parti, et mis en évidence les hommes
 les plus populaires de ces partis. Cette première épreuve est tout ce
qu'ont droit de demander les minorités. Elles se sont alors produite»
 au grand jour ; elles ont plaidé leur cause devant le peuple assemblé;
 qu'elles se retirent et attendent.
    Lorsque le suffrage universel fut mis pour la première fois eu ap-
 plication, en 1848, on dut considérer comme une grande difficulté de
 remuer ces masses, pour en exprimer légalement et pacifiquement
l'opinion ; les assembler un jour et se hâter de les disperser sembla le
 devoir prescrit au législateur. D'ailleurs, on avait adopté le vote au
chef-lieu de canton, et il ne fallait pas multiplier des déplacements
 souvent pénibles et coûteux qui, dans tous les cas, arrachaient des
 millions de travailleurs à leurs occupations nécessaires.
    Mais, d'une part, la nation française s'est formée avec une admirable
 intelligence aux exercices du suffrage universel. Ces immenses scru-
tins, au milieu même des passions et des ferments d'une révolution
récente, se sont toujours opérés avec autant de calme, que les scrutins
limités des collèges à deux cents électeurs. D'une autre part, le vote au
chef-lieu de canton a été considérablement modifié, et presque ra-
mené au suffrage à la commune. Nous ne disons pas que ce n'ait pas
été au préjudice de la Constitution ; nous ne disons pas qu'on ait bien
fait. Mais enfin, le fait actuel, c'est que tout électeur vote à sa porte, et,
en moyenne, à quelques minutes de chemin de l'urne électorale. Donc,
plus de déplacement, plus de perte d'une journée de travail ; donc,
aussi, plus de difficulté à renouveler l'épreuve aussi fréquemment que
la sincérité d'une élection le réclame !
    En émettant le vœu d'un second tour de scrutin, toutes les fois que
le premier n'aura pas produit une élection à la majorité absolue, nous
croyons exprimer une nécessité qui se fera de plus en plus sentir.
Qu'on se rappelle la division des électeurs du Rhône entre M. Rivet et
M. de Mortemart! D'autres faits analogues ont eu lieu dans le Gard,
dans la Gironde, dans bien d'autres localités peut-être, et ils devien-
dront beaucoup plus communs dans la suite. Les scissions que nous
 venons de mentionner ont nui à des partis qui ne sont pas le nôtre ;
 mais nous parlons ici dans l'intérêt de tous les partis, car nous par-
 lons dans l'intérêt de la Liberté, qui est. le patrimoine de tous et le
 premier besoin de tous.
                                                           MIR.