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LE SALON D'EXPOSITION. 4/1 tant qu'il y aura un sentiment ou une passion à exprimer, et tant lue la nature se parera de fleurs et de lumières, de forêts et de prai- ries, de tempêtes et de sérénité.Quant aux expositions qu'on accuse de ressembler à des exhibitions industrielles, nous observerons qu'elles n e peuvent pas être autre chose ; ce sont des marchés ; elles n'ont pas 'a prétention d'être des musées. Au reste, il y a un fait plus impor- tant que celui de la supériorité de certains chefs-d'œuvre d'une époque su r ceux d'un autre âge ; c'est la diffusion du goût et la générali- sation des jouissances artistiques dans les sociétés. Il faut moins se Préoccuper de l'élévation du fleuve, que de l'ampleur de son cours et de l'étendue féconde de ses inondations. A ce point de vue nous cons- tatons l'utilité de notre exposition lyonnaise, nous nous consolons ue ses limites un peu restreintes, et nous rendons grâce aux efforts tenaces de tous ceux qui font à nos tristesses politiques cette douce distraction. L'exposition de M. Bonirote constate un progrès très-réel dans sa Manière de peindre. Dans Y origine de la fabrique des étoffes de soie à Lyon, quoique les personnages des seconds plans soient un peu lâchés, on remarque des attitudes pleines de naturel, l'unité de la imposition, des accessoires bien rendus, une bonne distribution de la lumière; en un mot, un ensemble de qualités qui fait de ce tableau Une œuvre très-satisfaisante. Nous lui savons gré d'avoir donné à chacun de ses acteurs un caractère d'individualité qui le fait entrer, Pour ainsi dire, dans le domaine de la réalité vivante. C'est une pein- dre tranquille et facile ; elle n'est pas sortie d'un pinceau violent et Passionné ; mais cela révèle une aptitude réelle, qui ne s'arrêtera pas en s i bon chemin, nous le garantissons ; car M. Borinote n'est pas un Peintre d'occasion, disposé à se reposer après un succès, quelque flat- teur qu'il puisse être. Son intérieur du XVIIe siècle est excellent .- aplomb, vérité de perspective, vérité de ton, transparence des om- bres , légèreté de touche ; c'est parfait. On dirait un tableau qui se serait peint tout seul, ou plutôt la reproduction d'un salon dans une glace. Pourquoi faut-il que les deux personnages, chargés de peupler cette grande chambre, soient défectueux, la femme surtout? Pourquoi cette gaucherie et cette tournure disgracieuse ? Si j'étais possesseur de cette toile, je ferais supprimer ces deux poupées, et je me contente- rais du petit chien, dormant en rond sur le coussin rouge. La femme torque, au bain, n'est pas là pour elle , mais pour le public. Elle ne se r epose pas, elle pose. M. Comte nous a montré, dans le Couronnement d'Inès de Castro