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102 DES TENDANCES SOCIALISTES taire ; — soit celles que la nouvelle génération a reçues du Comité de salut public, commenté par MM. Thiers, Mignet, Nodier, Bûchez et Roux, Laponneraye, etc., aidés encore par la préparation générale de l'éducation universitaire. Vous avez remarqué que cette disposition des classes lettrées trou- vait, dans les autres régions de la population, des tendances ana- logues, produites par l'action constante et partout présente de la centralisation administrative. Quand vous avez vu le Socialisme venir ajouter sa force, si vague et si mal définie qu'elle soit, à cet ensemble d'instincts tyranniques, vous avez éprouvé une légitime appréhension. Vous vous êtes dit, sans doute, que la tyrannie de la majorité constatée étant la plus dure et la plus impitoyable de toutes, il était urgent d'avertir les esprits élevés en leur faisant observer combien les régimes précédents nous ont déjà rapprochés, dans la pratique administrative, de la pure théorie socialiste, l'absorption de l'individu dans l'unité abstraite de l'État, l'oppression permanente des minorités par la majorité. Vous avez, pour cela, repris et développé, avec plus de logique et de clarté, une thèse posée par M. Bastiat, dans un petit livre adressé à M. Thiers : Socialisme et Protectionisme. Je partage depuis longtemps, vous le savez, Monsieur, votre pensée sur les dangers de la tyrannie républicaine en France. Ici même, à Lyon, bien longtemps avant l'avènement de la République, mais quand ses partisans pouvaient la croire proche, j'ai combattu avec énergie les tendances du parti auquel j'appartenais nominalement. Alors, comme plus tard, comme toujours, j'ai vu dans ces instincts despo- tiques, trop clairement devinés par la conscience publique, le principal obstacle à l'établissement de la République ; le principal danger de son règne, une fois qu'elle serait établie. C'était si bien là le sentiment profond, le vice secret, le crime pré- médité du parti républicain que mon opposition sur ce seul point ; — la divulgation de cette seule vérité a été sans cesse la cause réelle, la cause unique des haines que j'ai provoquées dans le sein de ce parti ; haines toujours persistantes et dont je rencontre encore à chaque ins- tant les témoignages obstinés.