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             DES SOIES GRÈGES, MOULINÉES ET TEINTES.               675

 et démontrer leur parfaite solidarité avec l'intérêt général. Aussi, sa
voix, précisément parce qu'elle était plus désintéressée, avait une au-
torité plus respectée.
    Il est vrai que son délégué en se prononçant pour le maintien d'une
restriction avantageuse à des intérêts particuliers, quoique très-con-
 sidérables, a fait toutes les réserves convenables en faveur des prin-
cipes de la liberté commerciale, mais ce n'était pas assez pour un re-
présentant de Lyon industrielle, et puisque le succès ne lui était pas
réservé, il valait encore mieux être vaincu en défendant l'intérêt gé-
néral, la vérité et la justice que de l'être à propos d'une chicane éle-
vée par l'industrie contre l'agriculture. Sans doute, notre ville peut
trouver un avantage circonscrit à telle ou telle branche de son in-
dustrie dans le maintien de telle ou telle restriction, mais elle a
un intérêt permanent au triomphe des idées de liberté en matière de
douanes.
   Pour la première fois peut-être le Conseil général de l'agriculture,
du commerce et des manufactures, a donné tort aux partisans de
la restriction. 11 a voté la liberté sur la question des soies grèges et
moulinées; mais il s'est presque repenti d'avoir entrevu la vérité,
il s'est hâté de rentrer dans l'ornière et il a maintenu les droits de
6 fr. 60 par kil. sur l'exportation des soies teintes. Il a trouvé sans
doute que le travail des teinturiers était moins national que le tra-
vail des sériciculteurs et des mouliniers. Quoi qu'il en soit, c'est une
demi-victoire pour le libre échange : espérons qu'elle sera plus com-
plète une autre fois. En attendant mieux, Lyon aura le désappoin-
tement d'avoir été battu dans une question d'intérêt particulier, et la
confusion d'avoir été battu en défendant le système de la protection.

                                                    J. B.