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1G LE PAYSAN ELECTEUR. Ne nous étonnons pas trop de ce qui s'est passé. Par un concours fatal de circonstances, les deux partis les plus exclusifs se sont trouvés seuls en présence, et il n'y a eu presque de choix possible qu'entre l'un ou l'autre. Puis, à la veille des élections, ont éclaté les résultats désastreux de la faute la plus capitale qu'ait commise le gouvernement du 20 décembre. Eh ! bien, la France s'est partagée entre les deux extrémités, et véritablement c'est presque un miracle que le grand courant d'opinion qui a tout entraîné chez nous, ait cédé d'ailleurs à un courant contraire. Est-ce un bonheur ou un malheur ! question que nous laissons à résoudre ! Au fond, il y a une seule chose dont le Peuple ne veut pas, c'est la contre-révolution, la contre-révolution qui ne pourrait naître que d'une surprise; et la chance de contre-révolution ôtée, il n'y a plus qu'un système en soi possible, la liberté régulièrement organisée, énergique contre ses ennemis, mais calme et féconde au dedans. Hors de là , nous n'aurons qu'une série de réactions opposées, d'agitations successives, de tentatives avortées. Que'tous les hommes d'intelligence y songent, soit que leur cœur batte au nom de l'ordre ou au nom de- là liberté. En attendant que par les progrès de l'éducation et l'ha- bitude des formes républicaines, les populations rurales puissent dis- cerner en fait d'élections, par elles-mêmes, puisqu'elles ont encore be- soin d'être conduites par des influences, usons de ces influences de façon à ne pas blesser leurs instincts démocratiques, mais efforçons- nous de les éclairer et de les guider dans la bonne voie. Mettons nous tous à la tâche de fortifier la Démocratie par l'ordre, et l'or- dre par la Démocratie, ce n'est que là qu'il y a du bien à faire. Et maintenant, dira-t-on que le vote du 8 juillet a donné un démenti à nos appréciations, en révélant un revirement subit de l'opinion dans les départements qui venaient de se signaler par des élections rouges ? Hommes du fait, triomphez de celui-ci, si vous l'osez ! Oui, il est vrai que, dans le département du Rhône, la majorité de Jules Favre n'a dé- passé que de deux à trois mille voix les deux minorités Rivet et Morte- mart réunies , et nous reconnaissons même très-volontiers que la question, parmi nous, s'est posée hors des termes extrêmes où elle l'avait été le 13 mai , puisque personne de sensé ne peut dire que M. Jules Favre représentât le socialisme, ni M. Rivet le royalisme. Oui, il est encore vrai que, dans les départements de la Drôme, de l'Ardêche et du Jura, le parti qui s'appelle exclusivement modéré a fini, après une lutte presqu'égale, par faire passer ses candidats. Que les vain- queurs et les vaincus s'occupent à scruter la signification des 75,000