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S NOTRE BUT. ment, les défrichements des terres incultes, le reboisement des mon- tagnes, le dessèchement des marais et l'établissement des canaux d'irrigation. L'industrie n'est que l'atelier d'ouvraison de l'agriculture. Laissons donc l'une et l'autre se mouvoir dans cet ordre de relation, au lieu d'ambitionner pour la France la grande manufacture des deux mon- des. Sa constitution géologique et topographique ne lui permet pas de visera ce tour de force périlleux ; et les procédés artificiels qui la pous- seraient dans cette voie, n'amèneraient que l'épuisement et la ruine. La domination industrielle, pas plus que la domination armée, n'a jamais fait le bonheur d'un peuple. La gloire reste la part des grands capitaines, les richesses, celle des grands financiers. L'ouvrier et le soldat, dans ces campagnes gigantesques, n'ont trop pour eux que la mince paye et le salaire de chaque jour ; le bâton de maréchal et le million échappent sans cesse à leurs mains fatiguées. Cette tension excessive des forces finit par aboutir à la prostration et à l'impuissance. Le blocus continental, cette machine de guerre de l'industrie, et toutes les victoires si brillantes de Napoléon, n'ont- elles pas expiré à Waterloo? Vivre doucement, facilement, au milieu des siens, dans son atelier ou dans son champ, vaut mieux que la poursuite d'un château ou la conquête d'une capitale. Moins de gloire, plus de paix ; moins de richesses concentrées, plus d'aisance divisée, c'est là surtout ce que peuvent demander l'agriculture et l'industrie. Ecrasés sous le poids des tempêtes politiques, ces deux bras du travail national naguère si vigoureux sont tombés dans un allanguis- sement que la confiance dans l'avenir peut seule relever. Cette confiance vivifiante, ce n'est que dans la consolidation de la République de tous qu'il faut la chercher. Citoyens, amis, frères, les fécondes mamelles de l'Etat.se tarissent, ranimez-les ; portez-y la vie et la force par votre union, votre calme et votre sagesse. Les autres plaies de l'agriculture et de l'industrie appellent une at- lention aussi sérieuse. Quelque douloureuse qu'en soit la vue, n'en détournons pas nos yeux, et cherchons par une investigation pa- tiente à faire jaillir la lumière du salut. En vain on étale les brillantes parures et les richesses de l'Ex- position ; en vain l'agriculture montre ses robustes instruments et ses fruits les plus beaux ; l'industrie, ses machines les plus ingénieuses et ses produits les plus variés : que ce ne s'oit pas là le dernier legs d'un malade qui se meurt!