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                       CHRONIQUE POLITIQUE.                        283
fiattueuses, en mots sourds, en pensées pâlissantes. On eût dit le
nouveau ministre s'efforçant devant la majorité boudeuse de détrem-
per dans l'eau tiède la page napoléonienne. Le lavage a été complet-, •
et du superbe Message, il est resté on ne sait quoi de terne, d'incolore
et d'effacé, dont les meneurs de la droite sont convenus de ne plus
parler.
    Encore un programme qui file, comme ont filé les plans merveil-
leux des petits livres datés de Ham, les grandes promesses de là can-
didature à la Présidenee et la lettre belliqueuse sur les affaires de
Rome. Aussi la France commence-t-elle Ă  s'apercevoir que chez Louis
Bonaparte la boutade tient lieu de volonté, le coup de vent de sys-
tème et le coup de tète de politique.
   Le Message du Président est une énigme, dont chaque parti a voulu
 trouver le mot. Aux esprits bien disposés, il a semblé un retour à un e
politique franchement républicaine. Il était impossible de mieux se
fourvoyer, et les premiers actes du cabinet l'ont trop vite démontré
 à ces âmes honnêtes, qui aiment encore à se bercer d'illusions dé-
 mocratiques. Pour d'autres, plus récalcitrants, le Message n'a été
 que la brusque éruption d'un amour-propre blessé, qui fait tomber
 toutes les rancunes de sa mauvaise humeur sur des ministres peu soi-
gneux de ménager les fantaisies de l'enfant gâté de la fortune. Peut-
 être ce côté-là n'est-il pas très-loin du sens réel de l'ukase du Pré-
 sident. Toutefois, à des yeux clairvoyants, le message a paru un défi
jeté aux vieux partis qui s'agitent dans le second dessons du théâtre
politique, en cherchant à pousser sur la scène les mannequins éraillés
de la monarchie bourbonnienne. M. Berryer avait déployé à l'Assem-
blée nationale un petit coin de l'oriflamme de la légitimité, en faisant
 ses réserves en faveur du prince exilé. Bonaparte veut bien recevoir
l'appoint des voix de la droite, et leur donner quelques os Ă  ronger,
 mais il se soucie peu vraiment de l'épée de connétable, que pourrait
 lui offrir la légitimité expectante de Frosdhorf. Quant aux d'Orléans,
ils n'ont trop à présenter, comme moyen de séduction, que quelque
maigre place de grand maréchal ou de feld-majordome du palais ; et
il n'y a pas là de quoi tenter un aspirant surnuméraire de la bureau-
 cratie.
   On peut donc croire que Bonaparte ne se fera pas le compère de
la race capétienne. Son rôle est assez grand pour remplir toute l'am-
bition d'un noble cœur.
   Mais y a-t-il quelque chose pour lui au delà de la présideuce de
la République ? Se laissera t-H< entraîner par les provocations de son