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DISCUSSIONS SUR L'IMPOT DES BOISSONS. Il a été donné à peu de taxes de soulever autant de récriminations et autant de colères que l'impôt des boissons. On dirait qu'il a eu pour but d'exercer la patience des contribuables, de fournir un éternel ali- ment à l'activité ingénieuse du percepteur,et de créer un prétexte tou- jours nouveau aux sophismes des financiers officiels. Depuis l'orateur romain qui lui reprochait de rapporter autant de haine que d'argent, jusqu'à nos députés qui l'ont qualifié de déni de justice, d'extorsion, et de défi jeté à l'opinion publique, il semble avoir épuisé toutes les for- mules de l'injure et de l'indignation. D'un autre côté, depuis les fi- nanciers de l'antiquité qui disaient : Cet impôt est bon, puisqu'il rap- porte, et ceux, plus récents, qui le trouvent juste, parce qu'on le paie sans s'en apercevoir, jusqu'à M. de Villèle,répondant aux propriétaires de vignobles qui lui demandaient : Que ferons-nous de nos vins ? —• Parbleu ! vous les boirez ; jusqu'à M. de Kératry, qui applaudit à cette taxe précisément parce qu'elle empêche de les boire ; jusqu'à M. de Montalembert,qui y voit une garantie pour le salut de la religion, de la famille et de la propriété, pas une exagération, pas un mensonge, pas un vice de raisonnement n'a manqué à sa défense. Les propriétaires ont pétitionné, les comités vinieoles ont protesté, on a fait de l'agitation ; comme l'Irlande, le midi de la France a de- mandé le rappel de l'union. Le peuple aussi a protesté à sa manière, en brisant les barrières et en brûlant les registres. Les gouvernements ont répondu à ces réclamations et à ces menaces par des promesses, et, jusqu'à présent, ils n'ont opéré que des changements de dénomi- nations. Le plus hardi,le gouvernement actuel, le ministère de Vactian,