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QU'EST-CE O.UE LE MAGNÉTISME? 765 crises ; c'est une manie qui est très-commune chez elles : je les ai tou- jours traitées comme des hallucinations ; et, ce qu'il y a de remar- quable, c'est que je les ai toujours, par ce moyen, empochées de, se pro- duire. Le docteur Bertrand compte, dans son journal, plus de quatre- vingts prédictions de ce genre, et presque toutes portent sur des accès convulsifs, ce qui est loin de m'étonner, puisque c'est un phénomène nerveux très-facile à produire et le plus commun de tous. Tous les magnétiseurs en rapportent de nombreux exemples ; mais ce qui don- nera une grande valeur à la théorie que je développe, c'est que le doc- teur Bertrand est arrivé à la môme conclusion que moi, relativement aux moyens d'empêcher ces crises de se produire. « Je ne veux pas, disait-il à l'une de ses malades qui avait prédit sa mort, je ne veux pas qu'il vous arrive rien de mal. » —Et le mal n'est pas arrivé.— « Ces sortes de témérités, ajoute-t-il en finissant, réussissent presque tou- jours chez les somnambules. » — Je ne considère pas ces différences comme une témérité, mais bien comme la règle invariable de conduite de tout magnétiseur qui cherche la vérité et non les faits qui peuvent le rendre intéressant. Je pose donc en principe général que ce genre de devination n'a pas d'autre valeur que l'hallucination dans son principe ; mais qu'il dé- pend du caractère du magnétiseur de la transformer en réalité, en ce qui touche la production d'une crise, une perturbation nerveuse, sans qu'il lui soit permis d'aller au-delà . Aussi, voyez-vous que, lors même que les somnambules prédisent leur mort, la mort n'arrive pas, parce que très-heureusement l'influence nerveuse que le magnétiseur peut exercer sur la somnambule a des bornes qu'elle ne peut franchir. — Vous pouvez bien transmettre le trouble qui règne dans votre esprit à la femme qui est sous votre dépendance, mais la perturbation qui en résulte ne va pas jusqu'à la mort. Je ne crains pas d'ajouter que si, dans un but d'expérimentation, on laisse se développer une de ces crises prédites, on pourra la calmer comme on a pu la laisser naître, comme l'on peut la faire prolonger.— Si Madame Teste, à sa dernière crise, n'eût pas eu à côté d'elle un pra- ticien impassible et croyant, le docteur Frappart qui, au milieu de son agonie, lisait tranquillement son journal, —je ne sais pas ce qui serait arrivé, en raison de l'état d'anxiété où se trouvait son mari ; la crise aurait inévitablement continué. Et, pour dernière conséquence, si M. Teste n'eût pas été si fatalement croyant, il se serait évité de terribles angoisses. —