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                             01! ALLONS-NOUS?                            7Ô7
  sent donner à leur tour ceux qui réclament ces mêmes droits en 1850?
   Les motifs que vous avez de les exclure ne sont-ce pas ceux que vous
   trouviez fort mauvais, quand on les employait à vous faire refuser
  l'entrée des comices ? Appeler les seuls probes, les seuls savants, les
   seuls dignes, ce serait très-bien, si le mérite n'était pas classé suivant
   vos distinctions arbitraires. Mais qui vous donne le droit déjuger du
   mérite d'autrui, et, à votre tour, qui jugera le vôtre ? Ce qu'il y a de
  plus juste, de plus éclairé, de plus désintéressé, c'est tout le monde,
  parce qu'après tout, c'est l'opinion du genre humain qui décide de
  toute justice et de toute vérité. Or, s'il faut dire que la partie est plus
  capable que le tout, pourquoi pas la partie de la partie, pourquoi pas
  le petit nombre, pourquoi pas un seul ? Ainsi donc, le gouvernement
  représentatif est celui qui représente la société entière, ou ce n'est
  rien ; la société ne peut pas être représentée par parties. Entre le gou-
  vernement représentatif complet et le despotisme autocratique, il n'y
  a rien de logique, rien de stable.
     L'Absolutiste dit.- « Le seul représentant de la société, c'est le roi,
  le roi qui veut pour elle, le roi qui agit pour elle et avec elle. » Il est
  nécessaire d'ajouter: le roi qui pense pour elle. Car, il faut bien que
 là où il y a l'action, il y ait aussi la pensée. Si la pensée pouvait ger-
  mer et se produire au sein de cette masse destinée à être conduite par
  une volonté étrangère, cette pensée ne tarderait pas à devenir Une
 volonté. Le propre de l'absolutisme, c'est donc d'imposer la croyance,
 comme il impose l'obéissance.
     Mais voici le Théocrate qui réclame à son tour ; car l'humanité ne
 procède point d'elle-même ; elle vit sous la dépendance et sous les
 lois de son créateur. Nous, catholiques, nous croyons qu'au sein de la
 raison et de la liberté humaines, il y a un point de vue surnaturel par
 lequel une certaine catégorie de vérités nous arrive ; nous croyons à
 un ordre de traditions immuables et à l'Eglise qui les conserve. Mais
l'Eglise est armée de la parole et non du glaive ; l'Eglise n'a d'empire
que dans l'ordre de sa mission. Maintenant, franchissez, en son nom,
ces limites, vous aurez, au lieu de la lumière pure, de la lumière spi-
rituelle qui, loin de nier la raison et la liberté, s'adresse à ces nobles
facultés, vous aurez l'étouffement complet de l'âme ; car vous lui au-
rez enlevé tout essor, toute initiative, et, là même où vous serez encore
l'organe de la vérité, vous aurez changé le caractère de la vérité, vous
en aurez fait un joug. Mais si, dans les sociétés humaines, il peut y
avoir une vérité légale et politique qu'il ne soit pas permis de contre-
dire, pourquoi cette prérogative ne serait-elle pas accordée à la vérilé