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Ol: ALLONS-NOUS? 755 autre, et jamais à un état fixe et complet? Sans parler de ces formes intermédiaires d'organisation politique, sortes de contrats par lesquels deux principes contradictoires essaient de subsister ensemble en se posant mutuellement des limites, il y a un idéal de liberté qui n'est jamais réalisé, parce qu'il est inaccessible à l'imperfection humaine, de même qu'il y a un idéal de servitude qui n'est pas davantage réa- lisé, parce qu'il répugne aux instincts indestructibles de notre nature. Nous sommes ainsi placés entre ces deux buts, n'étant pas dignes de l'un, et ne pouvant supporter l'autre. Pour l'homme, dans l'état ter- restre, de même que pour les sociétés qu'il forme, il ne peut jamais y avoir réalisation, mais seulement aspiration, jamais repos, mais tou- jours mouvement et marche. Soit que les peuples, portés sur les ailes de leurs sentiments les plus nobles et les plus élevés, s'avancent glo- rieusement vers le faite ,où brille l'image de la Liberté ; soit qu'ils soient entraînés en sens inverse vers les bourbiers de la servitude, aucun des points qu'ils traversent n'est pour eux une demeure fixe. Toujours par-delà de leurs efforts, il y a quelque chose de plus haut, ou, sous l'inertie qui les précipite, il y a quelque chose de plus bas ; car c'est une nécessité que toute conséquence se développe, soit pour le bien, soit pour le mal. Voyons-en la preuve dans les faits contemporains. Qu'est-il donc arrivé, pour que nous en soyons à ce point que toutes les conquêtes, nous ne dirons pas seulement des deux dernières années, mais toutes celles qui se rattachent aux dates glorieuses de notre histoire séculaire soient contestées et remises en question ? Qui peut nier que la monar- chie restaurée de 1814 et la monarchie révolutionnaire de 1830 n'au- raient jamais osé, sous prétexte de leur défense, mettre et maintenir de grandes portions du territoire français hors de la loi commune, ainsi que l'ont fait des pouvoirs qui se couvrent encore des noms de répu- blique et de démocratie?.Les idées, les opinions ont-elles moins re- culé ? Où donc trouvons-nous ces attaques contre le gouvernement représentatif, qui semblait la forme définitive du monde moderne, si ce n'est dans les écrits des anciens libéraux de 1830 ? Eh bien ! ce sont eux qui, en Italie et en Allemagne, poursuivent de leurs haines, quoi ? non pas seulement la forme républicaine et démocratique qui y a été étouffée, mais la forme représentative et constitutionnelle, partout où il en existe encore quelques semblants ou quelques vestiges ; ce sont eux qui applaudissent aux monarques brisant les pactes qu'ils ont jurés, et qui ne trouvent pas que, pour châtier les populations, qui ont eu confiance dans leurs anciens maîtres, il y ait trop de bomhar-