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724                    IMPÔTS SUIt LES BOISSONS.

 autre les produits de sa récolte. Il arrive souvent, en effet, que les
exploitations sont morcelées et que le lieu où s'opère la vinification
 par le pressurage, n'est pas celui où le vin est encavé d'une manière
définitive. Pour être minime, cet. impôt n'est pas moins vexatoire ;
réuni aux acquits à caution, il ne fournit aux recettes du trésor qu'une
somme de 874,000 fr. ; à coup sûr ce chiffre n'est pas assez consi-
dérable pour motiver son existence. Au reste, on peut dire qu'il n'est,
en fait, payé par personne. Les diverses caves d'un propriétaire étant
assez éloignées pour le constituer en contravention, mais pas assez
pourtant pour l'empêcher d'échapper à la surveillance ; on se sous-
trait généralement par la fraude à la perception de cet impôt, et c'est
là sa condamnation sans appel.
   Mauvaise influence du régime appelé protecteur. — Toutes les
charges qui pèsent plus directement sur la production du vin, ne sont
pas le résultat des inégalités dans la répartitiou de l'impôt foncier ,
des imperfections du cadastre, ou des formalités imposées au trans-
port de la récolte avant qu'elle ait été livrée au commerce. Il en est
d'autres sur lesquelles nous devons appeler l'attention du gouverne-
ment.
   Le cultivateur de vignes ne paie pas seulement un impôt énorme à
l'Etat, il en paie un autre à toutes les industries protégées par les ta-
rifs des douanes, et qui lui fournissent des produits indispensables à
son exploitation. Car ces tarifs ont pour effet d'élever le prix de vente
de certains produits privilégiés. Nous sommes donc condamnés à les
payer plus cher que nous ne le ferions si nous avions la liberté de nous
adresser, pour nos approvisionnements, à des industries étrangères
qui produisent mieux et à meilleur marché. Les vignobles français ne
profitent en aucune façon de la protection, puisqu'ils n'ent ont pas be-
 soin ; mais ils en supportent toutes les charges puisqu'ils paient évi-
demment aux industries protégées un impôt dont la quotité consiste
 dans la différence qui existe entre Je prix du produit français et le prix
 du produit étranger. Cependant, s'il est un axiome qui n'est pas besoin
 de démonstration, c'est bien celui-ci.- Dans un pays de liberté et d'é-
 galité on ne doit de taxe qu'à l'Etat. Nous citons parmi les industries
 privilégiées qui prélèvent sur nos vignes les taxes les plus productives,
 celles des fers et des aciers, parce que la confection des ustensiles vi-
 naires et l'outillage des vignerons emploient ce métal dans une pro-
 portion très-forte. Ainsi, grâce au monopole des maîtres de forges, la
 production du vin est contrainte de payer beaucoup plus cher ses ins-