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                    CHRONIQUE POLITIQUE.




   M. de Flotte, dans la réponse si élevée et si remarquable qu'il a faite à M. Thiers,
a exprimé à la tribune une vérité dont nous élions, pour noire part, convaincu de-
puis longtemps, une vérité qui prévaudra malgré les déclamations de partis.
   « En général, a-t-il dit, la grande majorité du pays, composée d'hommes paisi-
« blés, suflisamment contents de l'époque préseule, la grande majorité du pays ne
« demande qu'à voir s'améliorer lentement la situation actuelle ; elle ne partage ni
« les douleurs de ceux qui regrettent une époque passée, ni les espérances ardentes
 « qui nous entraînent vers l'avenir; elle redoute ceux qu'elle a déjà trop connus,
« elle redoute ceux qu'elle ne connaît pas encore.
   « Ce que le pays espère de vous, Messieurs, c'est que, ne vous jetant pas entre
«  les mains d'une opinion extrême, vous ne le forciez pas, lui, à se jeter dans les
«  bras de l'autre opinion extrême ; ce qu'il attend de vous, c'est la confiance en
«  lui, c'est de la liberté ; ce qu'il attend de vous, c'est le droit de choisir lui-même
«  ses destinées ; et ne croyez pas qu'il se fasse des destinées folles, des destinées
«  destructives. >•
   Oui, M. de Flotte a eu raison ; et, c'est précisément dans cette majorité paisible,
sans illusions monarchiques, comme sans engoûment socialiste, libérale avec me-
sure, peu aventureuse, mais surtout ennemie par tempérament, par intérêt et par
éducation de tout ce qui ressemble de près ou de loin à l'absolutisme et au privi-
lège ; c'est dans celte majorité, disons-nous, que la République, au grand désespoir
de ses adversaires, pousse chaque jour des racines profondes et vigoureuses.
   Ce spectacle-là nous rassure plus que la conspiration des dix-sept ne nous effraye.
Nous voyons bien, il est vrai, des petits Jupiter parisiens qui assemblent les nuages,
des Borées de province qui se gonllent les joues pour souffler la tempête sur noire
pays ; nous entendons des énergumènes qui se respectent assez peu pour crier à
trois millions d'hommes sur le point d'èlre excommuniés de la vie politique : Si vous
ne descendez pas dans la rue, vous êtes des lâches I Heureusement, ces provoca -