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704 LYON APRÈS LE 9 THERMIDOR.
généraux, représentés par un vautour, avec ces mots : Traites, aides,
gabelles, rapine. Le cortège fit le tour de l'estrade et environna
l'arbre de la Liberté. » — Suit la relation des discours, serment,
hymnes, chants de victoire. — Ensuite, un dragon allumé, parti de
l'Hôtel-de-Ville, alla frapper et embraser le tyran sur son trône. L'Hô-
tel-de-Vïlle illuminé, les salles de spectacle gratuitement ouvertes, re-
çurent le peuple pour qui, ce jour-là , on avait préparé des plaisirs,
qui firent diversion à ses misères ; car, dit la relation proconsulaire,
•• la rigueur de la saison, les fléaux de la nature contre lesquels nous
luttons sans cesse, la privation des objets de première nécessité que
les citoyens de cette commune supportent avec un courage et une pa-
tience dignes des plus grands éloges, ne l'ont point empêché de se
livrer aux plus vifs transports. • La relation municipale dit aussi :
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• Les danses se sont prolongées fort avant dans la nuit ; les' repré-
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sentants du peuple ont partagé, soit dans les spectacles, soit dans les
danses, l'allégresse publique. »
Ainsi que l'écrivaient les représentants, les fléaux naturels venaient
encore s'ajouter aux souffrances des Lyonnais. L'hiver fut extraordi-
nairement rude et long ; les combustibles manquaient comme les sub-
sistances ; on fit des distributions parcimonieuses et insuffisantes de
houille requise dans les bassins de St-Etienne et de Rive-de-Gier ; les
moulins du Rhône furent presque tous emportés par les glaces, acci-
dent qui rendit encore plus précaire la nourriture de la population.
Dans cette extrémité, au sein des souffrances communes à tous, la
charité mutuelle trouva encore le moyen d'alléger les maux les plus
durs ; celui qui avait un morceau de pain le partagea avec celui qui en
manquait. Des agences de secours furent instituées. Un seul citoyen,
le sieur Rostaing, souscrivit pour 20,000 livres, et racheta ainsi un
mandat d'arrestation que les représentants avaient lancé contre lui.
Les offrandes furent plus nombreuses qu'on n'aurait pu l'espérer.
La Convention vint aussi au secours de la ville par une avance de
quatre millions ; mais elle exigeait qu'après avoir employé cette
somme en achats de blé, qu'on revendrait ensuite aux habitants, on la
rétablit intégralement au Trésor, sous la responsabilité des officiers
municipaux ; obligation très-onéreuse ; car, pour recouvrer cette
somme sans déficit, il aurait fallu revendre dix sols la livre le pain que
le gouvernement faisait vendre trois sols à Paris ; et si, pour en abais-
ser le prix, on revendait avec perte de moitié, comment pourvoir au
déficit, puisque la ville était absolument sans finances.