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700                 LYON APRÈS LE 9 THERMIDOR.

 été les ministres. Dans la nuit du 22 brumaire, les maisons d'une
 grande partie/d'entre eux furent inopinément entourées par la force
 armée, envahies par la police, et soumises à la perquisition des armes
 qui pouvaient s'y trouver. Le lendemain, un arrêté des représentants
généralisa cette mesure, et prescrivit à tous les ex-fonctionnaires de
remettre leurs armes. Un décret de la Convention leur défendait d'ail-
leurs, sous des peines rigoureuses, de quitter les résidences où ils
avaient exercé leurs fonctions. Toute la sévérité de la puissance pu-
blique s'était tournée contre eux. Les visites domiciliaires ne furent
que le prétexte de nombreuses arrestations ; les prisons, vidées après
le 9 Thermidor, se remplirent en sens inverse.
   Voilà la part de l'autorité dans le mouvement réactionnaire ; s'il s'é-
tait borné là, ce n'aurait été, après tout, qu'un changement de puis-
sance. Mais l'intervention tumultueuse des passions soulevées fut ap-
pelée comme un aide ; car, s'il était facile de mettre les Patriotes en
prison, il l'était beaucoup moins de les faire condamner. La Com-
mission spéciale demandée par Fouché eût été un bon moyen de se
débarrasser de qui on eût voulu, sans trop éclaircir le fond des choses ;
 un tribunal extraordinaire n'y regarde pas de si près. Mais, avec toute
 autre justice, on fût arrivé, sur certaines choses, à plus, et, sur d'au-
 tres, à moins qu'on n'aurait voulu. La recherche consciencieuse de la
 vérité eût compromis ceux qu'on voulait sauver, et justifié ceux qu'on
 voulait perdre. L'assassinat populaire aurait-il été un moyen de par-
 venir au but qu'on ne pouvait atteindre par l'assassinat judiciaire ?
   L'abbé Guillon abondé dans l'interprétation que nous venons d'in-
diquer ; c'est aussi l'opinion des auteurs de l'Histoire parlementaire
de la Révolution française, que les Thermidoriens furent les instiga-
teurs des massacres qui souillèrent Lyon et le midi. Quant à nous,
nous croyons que ces faits n'ont pas eu une cause unique, mais qu'ils
furent des résultats mélangés, le produit de passions .diverses.
    Nous avons parlé de ces nombreux fugitifs dont l'empressement à
revoir la cité natale ne leur avait pas permis d'attendre que leur posi-
tion fût régularisée. En contact avec les émigrés sur la terre étrangère,
ils avaient senti naturellement leurs opinions se modifier par ces rap-
ports, et encore plus par l'effet des luttes qu'ils avaient soutenues,
et des persécutions qu'ils subissaient. Partis girondins, ils revenaient
royalistes. Ils retrouvaient maintenant, à Lyon, la foule irritée des
parents et des amis des victimes de la Terreur ; il y en avait dans
toutes les couches de la société, dans toutes les positions de rang et
de fortune. Ces classes de mécontents de la Révolution entraînaient