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CHRONIQUE MUSICALE. 687
me
tifiée avec son rôle ; car, s'il a presque époumoné M Arga, je doute fort qu'il
fatigue jamais beaucoup la Renommée.
Un baryton, se laissant appeler artiste de l'Opéra, M. Meillet, est venu de Paris
exprès, comme dit l'affiche, pour figurer dans cette solennité. Ce jeune homme, dont
l'essai a généralement été vu d'un bon œil, a effectivement montré de la chaleur, un
débit très-convenable, et une justesse irréprochable d'intonation. Quelques phrases,
contenues dans les limites du médium, et heureusement conduites à bien, ont suffi
pour captiver les suffrages d'un public qui, il faut l'avouer, ne savait vraiment, ce
soir-là , où placer sa bienveillance. Deux concerts n'ont fait ensuite que confirmer
cette opinion favorable. Malheureusement, ces qualités, fruits de l'étude, sont plus
que balancées par la disgrâce d'une voix dure,crue.sèche,dont le timbre— entière-
ment dissemblable à ses extrêmes, grave et aigu — donne à l'auditeur l'idée de deux
instruments de mécanisme différent. Plus on analyse ce chant, plus on y regrette, Ã
côté de l'excès d'art, l'absence de ce charme naturel qui nous rendait si précieux
notre inimitable Flachat. — Somme toute, M. Meillet, que son organisation, selon
nous, appelle et attache à Popéra-comique, peut y espérer, à Lyon, de beaux suc-
cès. Il serait, du reste, injuste de vouloir formuler sur la portée de son talent un ju-
gement définitif, sans l'avoir entendu dans des morceaux d'un caractère plus sérieux :
mais ce n'est pas notre faute, s'il paraît avoir redouté celte fois d'aborder le véri-
table répertoire de grand opéra.
— Au cercle musical, la saison des symphonies et concerts, si brillante à ses dé-
buts, si artistement conduite par G. Hainl, s'est piteusement éteinte avec le mois
d'avril. Le programme de cette dernière soirée était des plus maigres ; car, de M lle
Pauline à MUe £lisa, on n'a cessé, d'un bout à l'autre, de nous y Marchander la mu-
sique. Elles seules, à l'exception de l'éminent chanteur M. R., ont formé la partie
vocale, se succédant et se multipliant sous toutes les formes et selon toutes les com-
binaisons imaginables. C'était un problême nouveau pour moi, et assez piquant Ã
étudier, que celui de savoir si deux sœurs qui chantent faux,pourraient, malgré cela,
en vertu de l'identité de constitution qiù doit les faire fausser de la même manière,
arriver à la consonnance. J'en ai eu la triste solution samedi dernier. Mes prémisses,
je l'avoue humblement, étaient encore plus fausses que les larynx en question. M lle
Pauline Marchand, malgré son timbre strident, dit le plus souvent assez juste, et ne
fait que d'accidentels écarts. Mais M llo Elisa, dont les heureuses qualités ne deman-
daient cependant qu'à se développer, parait en voie prochaine d'une décadence
complète. La charité exige qu'on en prévienne cette jeune persoune : — si elle s'obs-
tine, ou si son professeur s'obstine à vouloir tirer de son gosier mignon des effets de
contralto, je ne puis la menacer de l'impossible , et par conséquent, elle n'a pas Ã